Après le décès de quatre internes, un syndicat déclare la "guerre à l’omerta"

10/03/2020 Par Marion Jort
L’InterSyndicale nationale des internes (Isni) a annoncé vouloir s’attaquer à l’omerta qui règne pendant les études de médecine à propos du temps de travail, source de risques psychosociaux importants et de nombreux décès chaque année. 
 

Depuis le début de l’année, quatre jeunes internes sont décédés brutalement. Excédé de voir les drames se succéder sans réaction des pouvoirs publics, l’Isni a décidé de s’emparer du problème en déclarant “la guerre à l’omerta”“C’est un phénomène ancien et connu. Le nombre de décès d’internes à cause des conditions de travail et la souffrance est étouffée à chaque fois”, s’agace Justin Breysse, président de l’Isni et lui-même interne en rhumatologie à Aix-Marseille. Pour faire bouger les choses, le syndicat a donc décidé de taper fort. “Nous utiliserons la voie juridique désormais”, affirme-t-il. Ainsi, le syndicat entend se constituer partie civile dès qu’un nouveau décès d’interne sera signalé. “L’objectif est d’avoir une enquête systématique pour savoir s’il y a eu harcèlement”, argumente Justin Breysse.  Parmi les autres mesures décidées par l’Isni, un recours administratif contre le décret du 25 février 2015 relatif au temps de travail des internes et un recours auprès de la Cour de justice de l’Union européenne. Enfin, le syndicat veut aussi engager des procédures contre les établissements qui ne respectent pas les réglementations sur le temps de travail. 

Loin d’être satisfaits par les annonces d’Olivier Véran au congrès de l’Isnar-IMG il y a quelques semaines, l’Isni dénonce des mesures qui risquent “d’aggraver les situations précaires au lieu de les interdire”. Le ministre de la Santé s’était, en effet, engagé à “faire respecter le temps de travail des internes” en comptabilisant notamment les demi-gardes ou à engager des sanctions financières contre les établissements qui ne respectent pas les 48 heures de travail hebdomadaires.  “On pense qu’il n’y aura pas de sanction possible tant qu’il n’y a pas de...

décompte fiable”, argumente Justin Breysse qui estime que les engagements d’Olivier Véran sont dans la droite ligne de ce qui avait déjà été promis par ses prédécesseurs. Le syndicat demande un décompte horaire du temps de travail ; demande refusée par Agnès Buzyn pendant la grève des internes en décembre.     

  Appel à témoignage Le président de l’Isni attend aussi des internes qu’ils brisent le silence. Toutes les personnes ayant été témoins ou victimes d’une situation de harcèlement professionnel sont invitées à témoigner à l’adresse suivante : contact@isni.fr.  Internes et soignants sont également invités à porter un brassard noir en signe de deuil jusqu’au vendredi 13 mars. La semaine dernière, le 6 mars, une minute de silence avait été organisée par le syndicat en hommage à l’interne en deuxième année d'anesthésie-réanimation qui s’est suicidé à Reims.   

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