"J'ai été infirmière au centre de quarantaine de Carry-le-Rouet"

28/02/2020 Par Louise Claereboudt
Témoignage

Alors que les premiers Français rapatriés de Chine ont pu regagner leurs domiciles il y a maintenant près de deux semaines, Sophie*, infirmière, raconte pour Egora son expérience au centre de vacances de Carry-le-Rouet.   Le 31 janvier dernier, alors que le coronavirus était apparu depuis plus d'un mois, les premiers rapatriés français de Chine mettaient les pieds à Carry-le-Rouet, une petite ville tranquille des Bouches-du-Rhône. Ils venaient de quitter Wuhan, l'épicentre de l'épidémie. Mesure de sécurité oblige, ces quelque 200 personnes devaient rester en isolement pendant 14 jours dans un centre de vacances au bord de la mer. Asymptomatiques, ces Français, enfants et adultes, étaient surveillés 24 h/ 24 et 7 jours/ 7 par plusieurs équipes de professionnels de santé. Parmi eux, Sophie, jeune infirmière inscrite comme réserviste sanitaire auprès de Santé publique France depuis plus d'un an.

"On doit être environ 3.000 professionnels qui sont inscrits comme réservistes et prêts à partir pour des missions. Ça peut être pour du renfort sanitaire auprès d'établissements ou alors, comme ici, pour une situation exceptionnelle. J'ai reçu l'alerte 'renfort pour les rapatriés de Chine' dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et je suis venue", raconte la jeune femme. Avec elle, médecins et psychologues volontaires se rendaient disponibles pour les rapatriés. "Ils avaient surtout besoin de comprendre ce qui leur arrivait, explique Sophie. Ils devaient aussi exprimer ce qui s'était passé là-bas, en Chine. Certains étaient séparés de leurs familles."   Formation de secourisme Les rapatriés étant asymptomatiques, les missions des soignants étaient relativement simples. "Il y avait deux équipes de 20 professionnels de santé qui se relayaient sur sept jours. On faisait surtout...

de la surveillance. Les personnes surveillaient elles-mêmes leur température, nous, on les relevait. En cas de symptômes (toux, nez qui coule, etc.), on leur donnait la consigne de rester en chambre puis de nous appeler", explique l'infirmière. Les psychologues organisaient quant à eux des entretiens plus poussés et plus personnels. L'équipe du matin était disponible à 6 h 30 pour prendre la relève de l'équipe de nuit. "On disposait d'une salle de consultation avec tout le matériel nécessaire pour de l'urgence ou de la bobologie. Un médecin était disponible pour ausculter en cas de besoin. Les résidents pouvaient s'y rendre et demander ce qu'ils voulaient", décrit Sophie. Une autre équipe faisait le tour des chambres pour discuter avec les rapatriés et relever les températures. D'autres participaient aux activités organisées par la Croix-Rouge : formation de secourisme, activités sportives ou loisirs. "Le soir, on prenait nos repas dans une salle réservée aux professionnels de santé. On appelait ça la ‘zone verte’, la zone propre", se souvient Sophie. À chaque entrée ou sortie, les soignants devaient passer par un sas. "Quand on allait dormir ou qu'on sortait de la zone rouge, on enlevait nos masques FFP2 de protection, on se lavait les mains et on les désinfectait, puis on rentrait dans la zone propre. Les gants n'étaient pas nécessaires en dehors des actes de soin", précise la jeune femme qui affirme n'avoir jamais été inquiète pour sa santé.

Des précautions avaient, bien sûr, étaient mises en place si une personne venait à présenter des symptômes. "Les mêmes que celles qu'on prend en cas de grippe", note l'infirmière qui explique que les données et les spécificités du virus étaient régulièrement mises à jour. "Ça nous rassurait." "Le site était très confortable, avec de l'espace pour tout le monde. On pouvait aller à l'extérieur car le temps s'y prêtait. Tout était fait pour se détendre", déclare Sophie. Pourtant, 15 jours après, la tension a monté d'un cran avec la propagation du virus. En France, 57 cas ont été signalés et 2 personnes sont décédées. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé vendredi 28 février avoir porté à "très élevé", son dégré le plus haut, le niveau de menace liée au nouveau coronavirus, qui a contaminé quelque 79.000 personnes en Chine et plus de 5.000 dans le reste du monde.   *Le prénom a été modifié

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