Les rivières du monde entier sont polluées par nos médicaments. De l'Europe à l'Asie en passant par l'Afrique, les concentrations d'antibiotiques relevées dans certains cours d'eau dépassent largement les niveaux acceptables, alerte une étude présentée le lundi 27 mai à un congrès à Helsinki (Finlande). Pour parvenir à ce constat, des chercheurs de York ont effectué des prélèvements sur 711 sites dans 72 pays différents sur six continents, recherchant la présence de 14 antibiotiques. "Jusqu'à présent, le travail sur les antibiotiques a été majoritairement fait en Europe, en Amérique du Nord et en Chine. Souvent sur seulement une poignée d'antibiotiques", a commenté le Dr John Wilkinson. Selon le communiqué de l'université britannique, les scientifiques ont détecté au moins un des antibiotiques recherchés dans 65% des échantillons. Cette équipe a ensuite comparé ces prélèvements aux niveaux acceptables établis par le groupement d'industries pharmaceutiques AMR Industry Alliance, qui varient selon la substance. Résultat, le métronidazole, utilisé contre les infections de la peau et de la bouche, est l'antibiotique qui dépasse le plus son niveau acceptable, avec des concentrations allant jusqu'à 300 fois le seuil établi sur un site au Bangladesh. Le niveau est également dépassé dans la Tamise. De son côté, la ciprofloxacine est la substance qui dépasse le plus souvent le seuil de sûreté (sur 51 sites) tandis que le triméthoprime, utilisé pour traiter les infections urinaires, est le plus fréquemment retrouvé. La pollution de l'eau, une des causes de la résistance aux antibiotiques Autre information de cette enquête, les niveaux acceptables sont ainsi le plus souvent dépassés en Asie et en Afrique, les sites les plus problématiques se situant au Bangladesh, au Kenya, au Ghana, au Pakistan et au Nigéria. Pour autant, les autres continents ne sont pas épargnés, ce qui témoigne d'un "problème mondial" mettent en garde les chercheurs dans leur communiqué. Outre l’antibiorésistance liée à la surconsommation et mauvaise consommation des traitements, les chercheurs de York pointent un lien avec leur présence dans l’environnement. "Nos données montrent que la contamination des rivières pourrait y contribuer de façon importante", a insisté Alistair Boxall, coauteur de l'étude. Le chercheur a ajouté : "Résoudre le problème est un défi monumental et va nécessiter des investissements dans les infrastructures de gestion des déchets et des eaux usées, des règles plus strictes et un nettoyage des sites déjà contaminés." [Avec AFP]
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