Cette fois, ça y est. Quatorze ans après sa création par Philippe Douste-Blazy, le dossier médical partagé (DMP) vient d'être déployé sur le plan national par le ministère de la Santé et la Cnam. Pour Agnès Buzyn, ce "carnet de santé numérique" doit devenir "une évidence pour tous les Français, comme l'est devenue la carte vitale".
"Le DMP est une réponse efficace à une anomalie constatée depuis très longtemps : les patients ne disposent pas de leur historique médical", a souligné Agnès Buzyn lors de la conférence de presse de lancement du DMP, ce mardi 6 novembre. Ce "carnet de santé numérique", gratuit, sécurisé, et non obligatoire, doit permettre d'éviter les "pertes de temps et les pertes de chance", espère la ministre. Le dispositif fera l'objet d'une campagne de communication massive dès ce soir. Annoncé en 2004 par le ministre de la Santé de l'époque, Philippe Douste-Blazy, le DMP "n'avait pas su trouver sa place", a reconnu le directeur général de la Cnam, Nicolas Revel : en 2016, lorsque l'Assurance maladie a repris le dossier, seuls 500.000 DMP avaient été ouverts, "dont la moitié étaient vides". La Cnam, engagée dans le "virage numérique" voulu par le Gouvernement, s'est donc attelée à apporter les "trois éléments d'amélioration forts" qui conditionnent sa réussite. Pour "ouvrir un très très grand nombre de DMP" et atteindre l'objectif de 40 millions de DMP en 2022, la Cnam a multiplié les possibilités : le DMP peut être créé par n'importe quel professionnel de santé muni de sa CPS, dès lors qu'il a recueilli le consentement du patient, comme par le patient lui-même avec sa carte vitale, sur internet (www.dmp.fr). Les pharmaciens d'officine sont particulièrement mis à contribution : ils sont rémunérés à hauteur de 1 euro par DMP ouvert. Pour qu'ils ne soient pas des "coquilles vides", la Cnam y versera automatiquement l'historique des remboursements des deux dernières années. Le patient pourra consulter le dossier en ligne, autoriser (ou non) les professionnels à le consulter et choisir de masquer certaines informations. Quant au médecin traitant, il aura accès à tout. Côté médecins, l'interopérabilité avec les logiciels métiers est en cours : 69% des logiciels sont déjà "DMP compatibles". A charge pour les médecins traitants d'y transférer le volet de synthèse médicale pour qu'il puisse être consulté par d'autres professionnels de santé, notamment en cas d'urgence. Une expérimentation menée par la Cnam dans 9 départements sur 18 mois a d'ores et déjà montré que le défi pouvait être relevé : 1.8 million de DMP sont désormais ouverts. "On est à 80.000 par semaine", s'enthousiasme Nicolas Revel.
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