L'association anticorruption informée par le Formindep, a saisi la justice au sujet des liens présumés entre des médecins expert de la Haute autorité de santé et des laboratoires pharmaceutiques, explique L'Express.
Le 3 octobre 2018, l'association Anticor a déposé plainte au tribunal de grande instance de Bobigny pour prise illégale d'intérêt contre une série d'experts de la Haute autorité de santé (HAS). L'association spécialiste de la lutte anticorruption accuse ces derniers, co-rédacteurs d'une recommandation publiée en 2017 sur les dyslipidémies, d'accroître l'incitation à la prescription de médicaments, alors qu'une majorité d'entre eux ont des liens financiers avec les laboratoires pharmaceutiques qui les fabriquent. Et ce, malgré les obligations de vérification sur l'intégrité et l'impartialité de ses experts qui incombaient, par la loi, à la Haute autorité de santé.
65.088 euros d'avantages
Deux experts sur les six mis en cause sont particulièrement visés par la plainte d'Anticor. Le professeur Bruno Vergès, chef de service au CHU de Dijon, a ainsi perçu 65.088 euros d'avantages et 36.940 euros de rémunérations, de 2013 à 2017. A l'origine de ces financements : MSD, Pfizer, Astrazeneca, Novartis, Sanofi Aventis et Amgen. Le docteur Jean-Michel Lecerf, chef de service à l'Institut Pasteur de Lille, a lui reçu 25.268 euros de rémunérations en particulier des laboratoires MSD et Sanofi-Aventis/Regeneron. La plainte d'Anticor s'est appuyée sur l'expertise et l'action de l'association pour une formation et une information médicale indépendante, le Formindep. Cette association a écrit le 1er juin 2018 au professeur Dominique Le Guludec, la présidente de la HAS, pour dénoncer les conflits d'intérêts d'experts ayant rédigé la fiche mémo "Principales dyslipidémies: stratégie de prise en charge", en visant nommément les docteurs Bruno Vergès et Jean-Michel Lecerf. L'association demande l'annulation de la fiche memo et le signalement des infractions à la justice. Dans sa réponse du 29 juin, la présidente de la HAS oppose un double refus au Formindep et affirme que "les liens d'intérêts des membres du groupe de travail ont, avant le démarrage des travaux de celui-ci, été analysés et gérés conformément aux règles et procédures en vigueur".
"Je ne suis à la solde de personne"
Ne se démontant pas, le Formindep a déposé une requête en annulation de la décision de la HAS auprès de la section du contentieux du Conseil d'Etat, car l'association avait procédé à la comparaison entre, d'une part, les déclarations publiques d'intérêts déposées à la HAS et, d'autre part, les informations publiées par les laboratoires sur la base transparence.sante.gouv.fr, les divulgations de dons diffusées par la HAS, les déclarations d'intérêts des experts mentionnées à la fin de leurs publications scientifiques et le registre européen des essais cliniques. Un travail de fourmi auquel la HAS ne se prête pas. Contactés par L'Express, le docteur Jean-Michel Lecerf reconnaît que ses "déclarations d'intérêts à la HAS ne sont pas toujours à jour" alors que le professeur Bruno Vergès assure que "la HAS a donné son accord à sa participation après avoir analysé les conflits d'intérêts". "Je ne suis à la solde de personne, ajoute le docteur Lecerf. Si l'on se prive de l'avis des experts qui font des recherches cliniques avec les laboratoires, on se limitera à celui de ceux qui ne connaissent rien à rien." [Avec lexpress.fr]
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