L’incidence des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Mici) ne cesse d’augmenter depuis une centaine d’année et semble liée au mode de vie occidental. « L'industrialisation a d'abord fait apparaître la rectocolite hémorragique (RCH) puis la maladie de Crohn. Nous ne savons pas précisément pourquoi des interactions ont lieu entre la prédisposition génétique, le microbiote intestinal et les facteurs environnementaux mais nous pensons qu’il existe un lien avec l’alimentation. Notre étude (Meyer et al. Clinical gastroenterology and hépatology 2022) s’est intéressée à la physiopathologie des Mici et notamment l’association entre la transformation des aliments et les risques de maladie de Crohn et de RCH dans la cohorte Epic-IBD », explique le Dr Antoine Meyer, hépatogastroentérologue (APHP Le Kremlin-Bicêtre). Epic-IBD regroupe 413 590 volontaires sains recrutés, dans les années 90, dans huit pays d’Europe et questionnés sur leurs habitudes alimentaires durant une année. Suivis prospectivement pendant plusieurs décennies, les participants ont été catégorisés en fonction de leur alimentation et de la classification Nova (de Nova 1 : aliments non / peu transformés à Nova 4 : ultra-transformés). En dehors des Mici, la consommation d’aliments ultra-transformés avait déjà été clairement démontrée comme associée au cancer, aux maladies cardiovasculaires, à l’hypertension, au diabète et à l’obésité. « Nous avons recensé 179 cas de maladies de Crohn et 431 de RCH. Nous avons analysé les groupes répartis en 4 quartiles selon la quantité d’aliments Nova 1 absorbée. Concernant le risque de maladie de Crohn, le scénario moyen le plus probable montre un HR 0,57 significatif dans le groupe consommant beaucoup d’aliments Nova 1 vs ceux en consommant peu (référence = 1). Autrement dit, une proportion élevée de consommation d'aliments Nova 1 est associée à une diminution par deux du risque de maladie de Crohn et a donc un effet protecteur, en particulier grâce aux fruits (HR 0,54) et aux légumes (HR 0,55). Le risque reste inchangé en revanche sur la RCH. Nous avons ensuite analysé les groupes répartis en 4 quartiles selon la proportion de leur consommation en aliments Nova 4. Nous retrouvons une tendance non significative de sur-risque de maladie de Crohn en lien avec la consommation d’aliments Nova 4 mais un risque inchangé sur la RCH », précise le spécialiste. Une nouvelle méta-analyse (Neeraj Narula et al., Clinical gastroenterology and hépatology, Jan. 2023) sur le lien entre l’alimentation ultra-transformée et les Mici agrège les résultats de cette étude ainsi que ceux de 4 autres cohortes américaines et asiatiques, soit un total de 1 068 425 participants. « Sans surprise, les résultats concordent avec une significativité très importante : la consommation d’aliments ultra-transformés augmente le risque de maladie de Crohn avec un HR de1,71, mais ne modifie pas le risque de RCH », conclut le médecin.
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