Migraine : une errance diagnostic de 7,5 ans en moyenne

26/09/2022 Par Alexandra Verbecq
Neurologie

Organisé par l’association « La Voix des migraineux », le deuxième Sommet francophone de la migraine, s’est tenu le 17 septembre. L’occasion de faire le point sur la migraine et les perspectives en termes de traitements.   En France, dix millions de patients sont migraineux dont 10% chroniques (plus de 15 jours de migraine/mois). Si les femmes sont majoritairement concernées (3 femmes pour 1 homme), la migraine touche également 5 à 10% des enfants. « Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en termes d’années de vie en bonne santé perdues, c'est la 2ème maladie la plus invalidante dans le monde et la première pour les femmes », précise Sabine Debremaeker, présidente de La Voix des migraineux. Une nouvelle étude, menée par l’association auprès de 683 patients, révèle une errance diagnostique de 7,5 ans en moyenne. Plus de 27% des répondants déclarent avoir des crises avec aura et 44% souffrir de douleur d’intensité sévère. Près d’un tiers des patients traités indiquent avoir des événements indésirables liés aux traitements à une fréquence élevée (troubles de la concentration, de la mémoire, digestifs, du sommeil, vertiges). Selon le score HIT, 92 % des patients attestent que leur vie quotidienne est très impactée et 71% sont en grade IV du score Midas (soit 20 jours de perte de productivité sur trois mois). D’après S. Debremaeker : « Un migraineux sur trois se met en danger en conduisant pour aller travailler lorsque seuls 8% des employeurs acceptent des aménagements, et ce, même lorsque le salarié dispose d’une reconnaissance comme travailleur handicapé ».   La migraine de l’enfance : mal reconnue « Avant la puberté, la migraine concerne autant les petits garçons que les petites filles ce qui souligne le rôle des hormones », précise le Dr Anne Donnet, neurologue, chef de service du Centre d’évaluation et de traitement de la douleur (Hôpital de la Timone, AP-HM). La séméiologie chez l’enfant est très différente ce qui rend son diagnostic plus compliqué. La migraine est bilatérale et localisée au niveau bifrontal alors que, chez l’adulte, la céphalée est unilatérale de type hémicranie. La pulsatilité, classique chez l’adulte, n’est pas retrouvée chez l’enfant. Les signes digestifs sont souvent au premier plan et les prodromes, un signe inaugural d’une crise. Celle-ci est plus courte (parfois 2h) et le sommeil est réparateur. Chez l’adolescent, les signes cliniques rejoignent ceux de l’adulte. Environ 15% des enfants ont des auras (en majorité visuelles ou plus rarement un syndrome d’Alice au pays des merveilles, des auras confusionnelles ou du tronc cérébral). Les syndromes épisodiques associés sont des phénomènes paroxystiques évoluant par crises et souvent précurseurs de l'évolution ultérieure de l'enfant vers une pathologie typiquement migraineuse. Ce sont essentiellement des troubles gastro intestinaux récurrents dominés par le tableau de vomissements cycliques, mais également des migraines abdominales, des vertiges ou des torticolis, qui correspondent à une migraine, même en l’absence de céphalées. Un enfant sur deux a plus d'une crise par mois qui sont souvent d'intensité modérée à sévère. Le suivi de l’évolution longitudinale sur dix ans montre que 40% des enfants ont une persistance de la migraine. Certains passent d'une céphalée migraineuse à une céphalée d'origine tensive. D’autres, ayant initialement des céphalées épisodiques, ont rapidement une évolution chronique pouvant résulter d’événements biographiques stressants ou, comme chez l’adulte, d’une surconsommation médicamenteuse (paracétamol, anti-inflammatoires) ou d’un abus en caféine (sodas). Le traitement de crise est initié par du paracétamol (15mg/kg per os). Perdant rapidement son efficacité, il est remplacé par un anti-inflammatoire par voie orale (aspirine : 10-15mg/kg per os ou ibuprofène chez l’enfant de plus de 6 mois : 10 mg/kg per os). Les triptans peuvent traiter les crises spécifiques chez l’enfant de plus de douze ans. Le sumatriptan par voie nasale (20 mg) a l'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les crises modérées à sévères, lorsque les traitements de crise, non spécifiques, ont perdu leur efficacité. Deux autres triptans par voie orale (rizatriptan et almotriptan) ont démontré une efficacité, eu un accord de la Food and Drud Administration (FDA) américaine, mais n'ont pas obtenu l’AMM en France. Les traitements de fond de la migraine peuvent également être utilisés. Le plus souvent non médicamenteux, ils reposent sur des techniques psycho-corporelles. Cependant, les niveaux de preuve n’étant pas vraiment validés pour ces traitements de fond classiques, l’ANSM n’a pas émis de réelles propositions dans ses dernières recommandations. Enfin, comme pour l'adulte, des essais cliniques sont en cours pour de nouveaux traitements : les anticorps anti-CGRP et les gépants. « C’est un espoir pour les enfants migraineux », conclut le Dr Donnet.

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