Egora : En quoi le surpoids entretient l’inflammation ?
Nathalie Négro : L’inflammation est un phénomène naturel, la réaction du système immunitaire en réponse à une agression aiguë (une infection) ou chronique (un cancer ou une obésité), externe ou interne. Elle est caractérisée par une cascade de réactions qui se traduisent par une hyperproduction de neuromédiateurs et de cytokines pro-inflammatoires. Le tout étant à l’origine d’un stress oxydant, cette effervescence de réactions chimiques consommant de l’oxygène alors dégradé en radicaux libres que prend en charge le système immunitaire. Quand ce stress oxydant n’est pas résorbé, et s’exerce en continu, l’inflammation via les radicaux libres atteint les cellules de l’organisme tout entier, de l’endothélium notamment et des muscles.
En cas de surpoids plus précisément, le tissu adipeux est le siège d’une inflammation chronique : fibrose, mobilisation des adipocytes plus laborieuse. Une inflammation de bas grade, mais systémique. Et la composante inflammatoire est beaucoup plus présente s’il s’agit d’une obésité androïde, du ventre, de l’homme ou de la femme à la ménopause. L’inflammation est encore aggravée par un déséquilibre du microbiote intestinal : une alimentation trop grasse, hostile aux bifidobactéries, est ainsi à l’origine d’un excès de lipopolysaccharides (LPS) qui sont digérés. Ils alimentent ainsi l’inflammation et pourraient être à l’origine de l’insulinorésistance.
Comment l’alimentation influe sur l’inflammation ?
Le repas, par définition un corps étranger, crée naturellement de l’inflammation et du stress oxydatif qui s’ajoutent à l’inflammation due à un excès de poids ou une autre pathologie inflammatoire de bas grade… Une alimentation « inflammatoire » peut ainsi aggraver une pathologie préexistante : l’inflammation dégrade le muscle (qui utilise en situation normale des sucres), provoquant une moindre tolérance au glucose ; elle augmente le risque cardiovasculaire et de survenue d’un diabète.
Comment proposer une alimentation plus "vertueuse" ?
C’est le modèle méditerranéen qui prévaut encore ici. Premier conseil, rééquilibrer les sources animales et végétales de protéines au profit des secondes (légumes secs et céréales complètes) qui ont l’avantage de renfermer des fibres et des anti-oxydants. On propose également 150 g/jour au plus de viande/poisson/œuf pour les femmes, 180 pour les hommes. Les légumineuses abritent aussi des prébiotiques, des sucres fermentescibles dont se nourrissent les bonnes bactéries coliques, et qui ont un index glycémique bas. Il est aussi utile de réduire la consommation de sel, d’accroître celle des aromates et des épices, tel que le gingembre ou le poivre, une éventuelle supplémentation étant indiquée sur avis médical. On doit veiller encore aux apports d’acides gras essentiels, oméga 3 et 6 (à petites doses pour ce dernier, présent dans l’huile de tournesol et de pépins de raisin). Les oméga 3 des huiles (de colza par exemple, à mélanger moitié/moitié avec de l’huile d’olive anti-oxydante) ne sont pas anti-inflammatoires, mais permettent de diminuer la part des oméga 6. Méfiance vis-à-vis de l’huile de coco qui comprend au moins 3 acides gras saturés problématiques…
Au menu donc, un poisson gras (DHA) une à 2 fois par semaine (y compris les sardines en boîte et leurs arêtes truffées de calcium), des œufs (pour leur EPA), des produits laitiers non écrémés 2 à 3 fois par jour qui contiennent du calcium et des phospholipides anti-inflammatoires, des fruits et légumes anti-oxydants à chaque repas… et de l’eau, catalyseur des réactions chimiques pour optimiser le fonctionnement de l’organisme.
L’arthrose est la première des comorbidités associée à un excès de poids : une augmentation de 5 points de l’IMC (par rapport à 22,5) accroît ainsi de 35 % le risque de développer une arthrose de genou.
L’arthrose des doigts, qui ne supportent pourtant pas le surpoids à l’instar du genou, est-elle aussi, au-delà de l’inflammation aiguë, la résultante d’une inflammation systémique de bas grade, celle-ci étant donc à l’origine d’une diminution de la masse maigre, d’une moindre utilisation du glucose, d’un plus grand risque d’insulinorésistance et de diabète. Au crédit encore de cette atmosphère inflammatoire, une rigidification de la matrice cartilagineuse. A l’inverse, il “suffit“ d’une perte de 5 % de son poids pour réduire l’inflammation, la pression sur les articulations et préserver le cartilage.
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