Les formes graves de Covid-19, et notamment les pneumonies sévères évoluant vers un syndrome de détresse respiratoire aiguë représentent environ 5% des infections à coronavirus. Cette évolution péjorative survenant souvent dans un 2ème temps, et divers travaux suggèrent une dérégulation de la réponse inflammatoire de l'hôte provoquée par une forte augmentation des cytokines. On observe une infiltration massive de cellules immunitaires innées (neutrophiles et monocytes) au niveau pulmonaire, à l’origine des lésions pulmonaires et du syndrome de détresse respiratoire aigu. En établissant un parallèle entre ces formes graves de Covid et une maladie génétique conduisant à une pathologie pulmonaire semblable, les chercheurs ont eu l’idée de s’intéresser aux interférons (IFN) de type 1. Et ils ont montré que la production et l’activité de ces IFN sont fortement diminuées dans les formes les plus sévères de Covid-19. Il existe aussi une charge virale sanguine persistante, témoignant du mauvais contrôle de la réplication virale par le système immunitaire des patients et conduisant à l’emballement d’une réponse inflammatoire. Les auteurs de cette étude, publiée dans Science, ont pu préciser que le l'inflammation, provoquée par le facteur de transcription NF-kB, entraîne une augmentation de la production et de la signalisation du facteur de nécrose tumorale (TNF)-alpha et de l'interleukine IL-6, une cytokine pro-inflammatoire.
En outre, l’étude montre que ces faibles taux taux d'IFN de type 1 précèdent l’aggravation clinique des patients - et leur transfert en soins intensifs - , et que les différents taux seraient caractéristiques de chaque stade de maladie. Ainsi, les taux les plus bas sont observés chez les patients les plus graves ; ce qui fait de ce marqueur une signature des formes graves de la Covid-19 et pourrait permettre d’identifier une population à haut risque. « Ces résultats suggèrent que dans l’infection à Sars-CoV-2 la production d'IFN de type I est freinée chez l'hôte infecté, ce qui pourrait expliquer les formes sévères plus fréquentes chez des individus faiblement producteurs de cette cytokine, comme les personnes âgées ou ceux ayant des comorbidités » détaille un communiqué de l’APHP, l’Université de Paris, l’Inserm, l’Institut Pasteur, et l’Institut Imagine. Ces données pourraient enfin avoir des implications thérapeutiques. On pourrait en effet envisager l'administration d'IFN-alpha combinée avec une thérapie anti-inflammatoire ciblant l'IL-6 ou le TNF-α, ou des corticoïdes comme la dexamethasone, pour lutter contre les formes sévères de l’infection.
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