Si le but des mesures actuelles mises en place pour lutter contre la pandémie ne vise pas, bien entendu, une immunité collective, il est important de pouvoir disposer de données épidémiologiques qui permettent d’estimer le niveau de circulation du virus dans la population, d’évaluer le risque de développer une forme grave de la maladie, et de disposer d’indicateurs de mesure de l'impact des efforts de lutte actuels. C’est pourquoi une équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec Santé Publique France et le CNRS, a réalisé une analyse détaillée des hospitalisations et des décès dus au Covid-19 en France et construit des modélisations mathématiques et statistiques à partir de ces données. Les résultats viennent d’être rendus publiques. Ils montrent tout d’abord qu’au 11 mai 2020, date annoncée de la levée du confinement, près de 6% des Français devraient avoir été infectés par le Sars-CoV-2, avec une proportion plus importante en Ile-de-France (12,3%) et dans le Grand Est (11,8%). Pour l’Institut Pasteur, ce faible taux justifie le maintien de mesures au delà du 11 mai : « ce niveau d’immunité est [..] très inférieur au niveau nécessaire pour éviter une seconde vague si toutes les mesures de contrôle devaient être levées. […]Par conséquent, des efforts importants devront être maintenus au-delà du 11 mai pour éviter une reprise de l’épidémie ».
Selon l’étude, le confinement a permis une réduction de 84% du nombre de reproduction du virus. Et le nombre moyen de personnes infectées par un cas, le nombre R0, est passé de 3,3 à 0,5 pendant le confinement. « Cela a conduit à une réduction du nombre journalier d’admissions en réanimation de 700 en fin mars à 200 en mi-avril » ajoute l’Institut. L’étude établit par ailleurs que le risque d’hospitalisation est de 2,6% pour les personnes infectées par le Sars-CoV-2, avec une forte augmentation avec l’âge. Ainsi, il est de 31% chez les hommes de plus de 80 ans. Le taux de mortalité chez les personnes infectées est de l’ordre 0,5%. Il est accru chez les hommes (de 45%) et les sujets âgés. Ainsi, la mortalité est de 13% chez les hommes de plus de 80 ans.
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