Les anti-intégrines sont une nouvelle classe de biothérapies développées dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Mici). Les premiers résultats d’une étude de phase III, l’étude Bergamot, laissent penser que l’un de ces médicaments, l’étrolizumab, pourrait avoir un rapport efficacité/tolérance favorable dans la maladie de Crohn. L’étrolizumab est un anticorps monoclonal humanisé, qui est dirigé contre l’unité ß7 des intégrines (α4ß7 et αEß7), des molécules impliquées dans les processus d’adhésion. Par ce mécanisme, cet anticorps semble empêcher la migration des lymphocytes T dans l’intestin et leur rétention. Ce médicament a démontré une efficacité dans une étude de phase II dans la rectocolite hémorragique réalisé chez une centaine de patients, et il est actuellement étudié en phase III dans cette Mici ainsi que dans la maladie de Crohn. Cet essai, nommé Bergamot, a été mené en double aveugle contre placebo, chez 300 patients atteints par une maladie de Crohn modérée à sévère en poussée clinique ne répondant plus aux corticoïdes, aux immunosuppresseurs et aux anti-TNF. Il a été conduit selon un ratio 2 :2 :1 étrolizumab 105 mg, 210 mg ou placebo (respectivement 120, 121 et 59 patients). Les premières données apparaissent encourageantes. Après traitement par étrolizumab (105 mg par injection sous-cutanée à 0, 4, 8, 12 semaines, ou 210 mg à 0, 2, 4, 8 et 12 semaines), une amélioration endoscopique avec rémission rapide des symptômes a été obtenue dès la 6e semaine et s’est maintenue jusqu’à la fin des 14 semaines de traitement. Au terme de cette période, le taux de rémission clinique (score Cdai inférieur à 150) était ainsi de 23 % sous étrolizumab 105 mg, de 29 % sous étrolizumab 210 mg et de 17 % sous placebo. Le taux de rémissions symptomatiques (pas plus de trois selles liquides et d’une douleur abdominale) de respectivement 21 %, 25 % et 12 %. Et une diminution du score endoscopique d’au moins 50 % a été relevée chez respectivement 21 %, 17 % et 3 % des malades. La tolérance de l’étrolizumab a, par ailleurs, été bonne avec, indique le Pr David Laharie (CHU de Bordeaux) "une fréquence d’effets indésirables comparable à celle du bras placebo". L’essai, qui comporte trois cohortes successives en induction, suivies d’une cohorte de maintenance, va se poursuivre. Ce qui va permettre de vérifier ces résultats préliminaires. Un autre anticorps monoclonal humanisé, se fixant sur l’intégrine α4ß7, dispose d’une autorisation de mise sur le marché dans la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, le védolizumab (Entyvio). Mais, ce médicament a vu son remboursement limité début 2017 au vu d’une amélioration du service médical rendu (ASMR) jugé insuffisante, malgré un SMR considéré comme important.
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