Journées dermatologiques de Paris : Efficacité d’une prévention primaire de la dermatite atopique chez le nourrisson
L’application quotidienne d’émollients réduit fortement le risque de dermatite atopique chez les nouveau-nés à risque
La dermatite atopique concerne 10% des enfants français et 4% des adultes. Et du point de vue clinique, il existe aussi des disparités en fonction des âges : atteintes des convexités chez le jeune enfant, et plutôt des plis et cervico-céphalique chez l’adulte. Pour autant, « il ne faut pas différencier la DA de l‘adulte et celle de l’enfant » a affirmé le Dr Audrey Nosbaum (Lyon). En effet, sur le plan physiopathologique, il n’y a pas de différence significative en termes de signature inflammatoire chez l’adulte et chez l’enfant, puisqu’il a été montré que c’est essentiellement une signature immunitaire de type 2 impliquant les interleukines de type 4, 5, 13, et 31 qui sont communes à l’adulte et l’enfant, et qui se retrouvent dans la peau de ces patients. Et au final, chez l’adulte comme chez l’enfant, la DA est une maladie systémique avec des comorbidités. Il s’agit tout d’abord de comorbidités atopiques (asthme rhinite conjonctivite, allergie alimentaire…). On observe ensuite des comorbidités cardiovasculaires avec une augmentation de 4% du risque de coronaropathie chez les patients atteints de DA contre 21 des cas contrôles, ainsi qu’une hausse des facteurs de risque dans cette population. « Cependant, précise le Dr Nosbaum, ces données sont principalement issues de cohortes américaines et des études sont en cours en France dans ce domaine pour les confirmer ». Enfin, il existe des comorbidités neuropsychiatriques, qui touchent l’enfant, avec un risque multiplié par 3 de trouble déficit de l’attention avec hyperactivité (Tdah), et un risque multiplié par 9 de trouble autistique, mais aussi l’adultes avec des syndrome s anxieux et/ou dépressifs. La prise en charge est similaire chez l’adulte et chez l’enfant, comme le confirment les recommandations de prise en charge européennes, parues il y a quelques mois, et qui ne différencient par la prise en charge chez l’adulte et chez l’enfant, si ce n’est quelques restrictions de prescription chez l’enfant des immunosupresseurs. Une prévention primaire simple et efficacce C’est dans ce contexte que se sont développés des essais de prévention chez l’enfant. Et récemment, deux études cruciales sont parues en faveur d’une prévention primaire avec des émollients dès le plus jeune âge. Les produits étaient appliqués quotidiennement, au moins cinq jours par semaine, dans les trois premières semaines de vie chez des enfants à risque de DA (un ou deux parents atopiques). Les résultats ont montré que les émollients diminuaient le risque de développer une DA plus tard de 32 à 50%. Cette efficacité est donc « majeure » pour le Dr Nosbaum qui souligne que « le dermatologue a donc un vrai rôle à jouer auprès de ses patients adultes atopiques qui vont avoir un enfant, en les informant de cette mesure de prévention très facile, mais avec un impact énorme en termes de survenue de la DA ». Le rationnel de cette prévention primaire repose que le fait que l’anomalie initiale aboutissant à la DA est une altération de la barrière cutanée, du fait d’un film hydrolipidique et d’une composition du stratum corneum moins ou peu fonctionnel. Et donc « en reconstituant la barrière avec des émollients performants tels que nous les avons actuellement, on va pouvoir diminuer le risque de pénétration des allergènes de l’environnement au sein de l’épiderme, et donc diminuer les signaux inflammatoires générés par cette altération de la barrière » explique la spécialiste.
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