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Des internes dans les déserts : Barnier réinvente le CESP, ironisent les étudiants

Pour lutter contre les déserts médicaux, Michel Barnier a annoncé lors de son discours de politique générale vouloir mettre en place un programme "Hippocrate", basé sur un engagement volontaire des internes dans des zones sous-dotées. Ce dispositif n'est pas sans rappeler le Contrat d'engagement de service public (CESP), mis en place en 2009. Des similitudes qui n'ont pas échappé aux étudiants.

02/10/2024 Par Chloé Subileau
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Lors de son discours de politique générale, mardi 1er octobre, le Premier ministre a assuré vouloir faire de la santé l'une des priorités de son Gouvernement. Devant un hémicycle chahuteur, Michel Barnier a énoncé plusieurs mesures pour redresser le fonctionnement de l'hôpital public et "lutter contre les déserts médicaux". Parmi les solutions avancées par le chef du Gouvernement, la création d'un programme "Hippocrate" à destination des étudiants en médecine.

Ce dispositif, basé sur l'engagement "volontaire", doit encourager des internes à partir temporairement exercer dans des déserts médicaux. Et ce, avec le soutien des pouvoirs publics. "Nous allons travailler avec tous ceux qui le voudront à ce que j'appellerai un programme nouveau, un programme 'Hippocrate' pour lequel les internes, français et étrangers, s'engageraient volontairement, pour une période donnée et grâce à l'accompagnement de l'Etat et des collectivités, à exercer dans les territoires qui manquent le plus de médecins", a détaillé Michel Barnier, au sein de l'Assemblée nationale.

Ce programme, dont les contours restent flous, n'est pas sans rappeler le Contrat d'engagement de service public (CESP), créé en 2009 par la loi HPST. Ce contrat prévoit, en contrepartie d'une allocation mensuelle de 1 200 euros bruts, que les externes et internes signataires* s'engagent à exercer à la fin de leur formation dans une zone où l'offre de soins est "insuffisante" ou qui connaît "des difficultés dans l'accès aux soins". La durée d'engagement doit être égale à celle durant laquelle l'allocation a été versée et ne peut être inférieure à deux ans.

"Le mot 'Hippocrate' pour nommer ce programme nous interpelle"

"A ça d'inventer le CESP", a ainsi ironisé une étudiante en médecine sur le réseau social X, soulignant les similitudes entre ce dispositif et celui présenté par Michel Barnier. "Plus sérieusement, s'engager à exercer dans un territoire sous dense c'est ce que la plupart des médecins [font] déjà étant donné que l'on manque de médecins partout en France ! Il y a des solutions plus simples pour améliorer l'accès au[x] soin[s]", a-t-elle insisté.  

Killian L'helgouarc'h, président de l'Isni**, voit lui aussi dans cette mesure "une redite du CESP, dont a trouvé un nouveau nom, peut-être pour le relancer". "Puis, le mot Hippocrate pour nommer ce programme nous interpelle, dans le sens où ça renvoie au serment, comme si on ne le respectait pas ou, du moins, ça sous-entend qu'on ne le respecte pas, et qu'il nous faut un programme pour prendre soin de la population", développe le représentant syndical, joint par Egora. En tant qu'étudiants, "on est conscients de l'accès aux soins, que c'est une problématique", ajoute-t-il, soulagé toutefois que ce programme n'inclut pas de mesures limitant la liberté d'installation des jeunes praticiens : "On sera très attentifs à ce que ce programme 'Hippocrate' reste sur la base du volontariat."

Si cette dernière condition est bien respectée, et que le dispositif prévoit "tout un système d'aides à l'installation dans les territoires sous-dotés", "nous n'avons pas de point d'opposition à apporter", indique-t-on du côté de l'Isnar-IMG. "Attendons tout de même de voir concrètement ce qui sera proposé : pour quels internes ? Dans quelles conditions ? Quels territoires", nuance le président de l'organisation, Bastien Bailleul.

 

*Les praticiens à diplôme étranger hors Union européenne (Padhue) peuvent également en bénéficier.

**Intersyndicale nationale des internes (Isni) ; Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG).

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