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Qui sont les médecins d'aujourd'hui ? Ce que révèle le dernier Atlas de la démographie de l'Ordre

Le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) dévoile, ce vendredi 28 mars, son Atlas de la démographie médicale 2025. Il confirme les tendances observées ces dernières années. 

28/03/2025 Par Chloé Subileau
Démographie médicale
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Combien de médecins exercent en France ? Quelle est leur spécialité ? Quel mode d'exercice privilégient-ils ? Où exercent-ils ?... Ce sont quelques-unes des nombreuses questions auxquelles à chercher à répondre le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) dans son Atlas annuel sur la démographie médicale en France, publié ce vendredi 28 mars. Cette cartographie de la profession montre, une nouvelle fois, le poids de plus en plus fort des retraités parmi les praticiens actifs. Elle met aussi en lumière la progression du salariat et la perte de vitesse de la médecine générale. Egora vous résume ses principaux points. 

  • Des effectifs qui augmentent : 

En un an, le nombre de médecins en activité - régulière, intermittente (remplacements libéraux ou contrats salariés courts) et retraités en cumul emploi-retraite – inscrits à l'Ordre a augmenté de 1,7%. Au 1er janvier 2025, 241 255 professionnels étaient comptabilisés ; c'est près de 12% de plus qu'en 2010. 

Parmi eux, le poids des médecins en activité régulière ne cesse de se réduire depuis 2010, au profit des intermittents et des retraités actifs. Alors que les actifs réguliers représentaient 92,8% des médecins en activité en 2010, ils comptent désormais pour 83,4% ; en 2025, leur nombre était de 201 239, soit une variation positive de 1,1% par rapport à 2024 et de seulement 0,6% par rapport à 2010. Depuis 2010, les intermittents et retraités actifs ont, eux, respectivement augmenté de 71,2% et de 307,7%.  

 

  • Une médecine générale en perte de vitesse :  

Si les praticiens en activité sont 42,3% à pratiquer la médecine générale, cette proportion est plus faible chez ceux en activité régulière. En effet, 40,7% des praticiens ayant une activité régulière sont généralistes en 2025 ; ils étaient 41,3% en 2024 et 47,1% en 2010. 

A l'inverse, "les spécialistes, et notamment les spécialistes médicaux, voient leurs proportions augmenter parmi les médecins en activité régulière", note l'Ordre. "Alors qu'en 2010, les spécialistes représent[aient] 52,9% des médecins en activité", "leur poids est désormais de 59,2% en 2025 (46,5% pour les spécialistes médicaux et 12,7% pour les spécialistes chirurgicaux)".

Répartition des médecins en activité (gauche) et des médecins en activité régulière (droite) selon le groupe de spécialité en 2025 (Cnom) 

 

  • Une profession toujours plus féminisée :

La féminisation de la profession se poursuit avec une quasi-parité chez les praticiens en activité. Au 1er janvier 2025, 120 429 des médecins en activité étaient des femmes, et 120 824 des hommes. Les femmes représentent aujourd'hui 49,9% des médecins en activité, contre 40,1% en 2010. Cette féminisation est encore plus marquée chez les professionnels en activité régulière, où le taux de féminisation frôle les 53%. Début 2025, 105 767 femmes et 95 472 hommes étaient inscrits comme médecins en activité régulière. 

Ce taux de féminisation est passé de 40% en 2010 à 52,6% en 2025. "Effectivement, l’effectif des femmes médecins en activité régulière a augmenté de +32,1% entre 2010 et 2025 tandis que celui des hommes a diminué de -20,4% dans le même laps de temps", précise l'Ordre, dans son atlas.  

 

  • Le rajeunissement se poursuit : 

Le rajeunissement de la profession se progresse lui aussi : entre 2010 et 2025, l'âge moyen des médecins en activité régulière est passé de 50,2 ans à 47,9 ans. Une évolution "à mettre en corrélation avec la progression de la féminisation", les femmes représentant 59,8% des moins de 40 ans, souligne le document. 

Dans le détail, la proportion de jeunes praticiens (moins de 40 ans) a augmenté de 16,7 points entre 2010 et 2025, passant de 15,7% à 32,3% (contre 31,2% en 2024). De même, la proportion de médecins actifs réguliers de 60 ans et plus s'est accrue, mais de manière moins forte ; de 16,2% en 2010 à 22,3% en 2025.

Si l'on prend l'ensemble des praticiens en activité, les effectifs ont moins rajeuni avec un âge moyen qui est passé de 50,4 ans en 2010 à 50,1 ans en 2025. La proportion des moins de 40 ans est, elle, passée de 16,4% à 30,4% ; celle des 60 ans et plus de 18,4% à 30,4%.  

 

  • Le salariat gagne du terrain :

La part de médecins en activité, ainsi que de ceux en activité régulière, étant salariés continue d'augmenter. Pour ces premiers praticiens, l'activité salariée concerne 46,5% d'entre eux en 2025, contre 42,2% en 2015. Elle détrône ainsi l'activité libérale. Il en va de même pour les médecins en activité régulière, où le salariat compte désormais pour 49,4% en 2025 (41,9% en 2010).

"Ainsi, entre 2010 et 2025, l’effectif des médecins en activité régulière ayant un statut libéral exclusif a diminué de -12,2% et celui des mixtes de -12,6% tandis que celui des salariés a augmenté de +18,4% sur cette même période", détaille l'Ordre. Il précise toutefois que l'activité libérale exclusive reste le mode d'exercice privilégié par les généralistes et les spécialistes chirurgicaux. Plus de 55% des généralistes en activité régulière exercent en libéral exclusif ; 37,8% sont salariés, 6,6% ont une activité mixte.

Répartition des médecins en activité régulière par mode d’exercice en 2024 (Cnom) 

 

  • Des inégalités territoriales similaires : 

A l'échelle régionale, "un contraste semble se dessiner entre les régions du sud de la métropole et l'Ile-de-France et les régions du territoire" concernant le lieu d'exercice des médecins en activité. Les régions Provence-Alpes-Côte-d'Azur, l'Ile-de-France et la Réunion concentrent les plus fortes densités de praticiens actifs. Le Centre-Val de Loire, la Guyane et les Hauts-de-France sont celles où les densités sont les plus faibles. 

Des inégalités similaires apparaissent concernant les médecins actifs réguliers. Les régions Centre-Val de Loire, la Guyane et la Bourgogne-France-Comté présentent les densités les plus faibles, là où l'Ile-de-France, la Réunion et Provence-Alpes-Côte-d'Azur sont les régions les plus fournies.  

 

  • Des médecins à diplôme étranger de plus en plus nombreux :

Au 1er janvier 2025, l'Ordre dénombrait 32 829 médecins en activité ayant obtenu leur diplôme à l'étranger, soit une hausse de 113,9% par rapport à 2010. Cette évolution est de 106,3% pour les praticiens en activité régulière, qui comptent 29 452 professionnels ayant obtenu leur diplôme à l'étranger. 

Ces médecins "occupent une place de plus en plus importante au fil du temps", écrit l'Ordre. En effet, en 2010, les praticiens à diplôme étranger représentaient 7,2% des médecins en activité régulière ; ils représentent désormais 14,6% de cette population.

Leur présence se perçoit en particulier dans les spécialités médicales et chirurgicales ; ils représentent, en 2025, 23,1% des spécialistes chirurgicaux en activité régulière et 18,9% des spécialistes médicaux en activité régulière. Chez les généralistes en activité régulière, la proportion des médecins à diplôme étranger est de 7,2%.  

 

Y aura-t-il trop de médecins en 2040 ? 

 

C'est l'une des grandes interrogations de ce nouvel Atlas de la démographique médicale 2025. Déjà marquée l'an dernier par un "frémissement", la hausse du nombre de praticiens s'est poursuivie (+1,7% de praticiens en activité), rappelle l'Ordre. Cette tendance devrait se poursuivre "de plus en plus fortement au cours de la prochaine décennie", avance le Dr Jean-Marcel Mourgues, en préambule de l'Atlas. Pour le vice-président du Cnom, il faut "d'ores et déjà" se poser "la question de savoir si nous ne sommes pas en train de former trop de médecins". Ce débat, sur lequel Egora s'est penché en janvier dernier, peut sembler contre-intuitif "au vu de la situation, mais celle-ci est appelée à changer", insiste le Dr Mourgues.

Dans cet Atlas, l'Ordre avance deux projections qui estiment à 2% la hausse annuelle du nombre praticiens en France, soit près de 70 000 en 15 ans. "Il est de notre responsabilité collective de poser cette question centrale et d'établir une méthodologie robuste de travail pour apprécier au mieux les besoins de santé de demain au plus près des territoires, et en correspondance avec les besoins de formation des médecins", alerte le Dr Jean-Marcel Mourgues.

11 débatteurs en ligne11 en ligne
Photo de profil de Lor 42
388 points
Débatteur Renommé
Neurologie
il y a 3 jours
Le président de l’ordre a raison. Nous commençons à former des chômeurs de 2035. On a déjà connu ça dans les années 90 quand à bac +10 le MG n’avait pas le smic et attendait le client toute la journée
Photo de profil de Petit Bobo
2,4 k points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 3 jours
"A mon époque" 1970, on s'installait généraliste après 7 ans d'études. Et on s'étonne que les jeunes hésitent à choisir cet exercice après 10 ans , plutôt qu'à s'orienter vers une spécialiste ? De pl
Photo de profil de Paul-Henri Ginguené
1,3 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 3 jours
Parmi les spécialistes à diplôme étranger, le rapport ne précise pas la proportion de salariés et de libéraux. Une majorité de nos chirurgiens hospitaliers seraient ils à diplôme étranger?
Vignette
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