Les centres Covid-19, dédiés à la prise en charge des patients infectés, ont-ils leur place dans la gestion de la crise sanitaire ? C’est la question que se sont posée les médecins de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de la métropole du Grand Nancy, au cours d’une enquête sur leur territoire. « Au moment du confinement, du passage en phase 3 du plan de lutte contre le Covid-19 et des recommandations sur la prise en charge en ville des patients suspects ou atteints, nous nous sommes interrogés, au sein de la CPTS, sur les conséquences sur l’organisation des cabinets pour garantir une prise en charge en toute sécurité », explique le Dr Damien Gonthier, médecin généraliste au sein de l’Équipe de soins primaires Laxou Province Santé et membre du conseil d’administration de la CTPS de la métropole nancéienne. Sans surprise, les recommandations – et les réaménagements qui en découlent – portent sur les règles d’hygiène et une adaptation de l’organisation des consultations au cabinet, avec éventuellement une première régulation des patients par téléphone. En parallèle, au sein de la métropole, un médecin généraliste, poussé par la volonté affichée de la municipalité de Nancy, émet l’idée de créer un centre Covid-19. « Je n’avais pas d’a priori sur ce point mais ce qui m’a posé problème, c’est d’envisager l’ouverture d’un centre sans savoir si c’était justifié pour notre territoire », reconnaît le Dr Gonthier.
Téléconsultation : carton plein ! Soutenue par l’Agence régionale de santé, le Conseil départemental de l’Ordre des médecins (CDOI) et l’URPS médecins libéraux et de la métropole, l’équipe de la CPTS élabore un questionnaire en ligne*. Objectif : sonder les médecins généralistes de la métropole sur leur organisation avant et après le confinement, sur leurs besoins en...
matériel et sur la nécessité ou non, de mettre en place un centre Covid. Des 104 médecins qui y ont répondu, 98 % ont indiqué avoir modifié l’organisation de leur cabinet depuis la crise sanitaire. « Aucun médecin travaille de la même façon qu’avant et la modification majeure porte sur le passage à la téléconsultation, fait savoir Damien Gonthier. S’ils étaient 17 % à y avoir recours avant la crise, ils sont aujourd’hui 65 %. » La téléconsultation a ainsi été perçue comme la réponse la plus adaptée pour se conformer aux recommandations de prise en charge des patients Covid-19 en ville.
Si la présence au sein des cabinets médiaux a peu changé (8,6 demi-journées travaillées avant le confinement contre 8,3 après), post-confinement, le nombre d’actes réalisés est inférieur à 20 actes par jour, pour 80% des médecins interrogés. Dont 42% en cabinet et 55% en téléconsultation. Une adaptation des pratiques a été nécessaire pour répondre aux demandes de soins des patients non liées à l’épidémie : 80 (78,4%) ont été reçus en cabinet sur des plages dédiées et 65 (63,7%) ont eu une téléconsultation.
Des difficultés affichées L’enquête a également permis d’identifier les difficultés rencontrées par les généralistes. « Il semblerait que le plus compliqué a été de respecter les règles d’hygiène et de protection, rapporte le Dr Gonthier. Ils sont nombreux à souffrir du manque de matériel, principalement les surblouses et les gants (79 % des répondants) mais aussi de conseils concernant l’entretien du cabinet et la fréquence du nettoyage. » Ce flou par rapport aux recommandations rend difficile leur adaptation, ce qui ne les empêche pas pour autant d’accueillir des patients atteints du Covid-19. Seriez-vous intéressé à travailler au sein d'un centre dédié à la prise en charge exclusive des patients suspects Covid ? Seuls 38% des médecins généralistes répondants ont affirmé qu’ils accepteraient d’y participer. « L’enquête révèle aussi que les médecins généralistes se sentent tout à fait capables d’accueillir des patients Covid-19 dans leur cabinet et donc plus globalement, de prendre en charge l’intégralité de leur patientèle, révèle Damien Gonthier. Il faut néanmoins leur donner les moyens pour se sentir plus à l’aise dans leur pratique notamment en termes de matériel de protection et d’hygiène. » Depuis l’enquête, la CPTS travaille à « la récolte » de matériel pour les médecins et à sa distribution. « C’est la coordinatrice de la CPTS qui s’occupe de cette organisation », fait savoir le médecin. Entretemps, deux centres Covid 19 ont ouvert leurs portes, mais « l’accueil des patients y reste faible, peut-être aussi parce que nous sommes en phase de décroissance du nombre de cas, suppose Damien Gonthier. La réflexion sur leur mise en place est peut-être arrivée trop tardivement. Ce qui n’encourage pas l’ARS et la métropole à en ouvrir d’autres. En revanche, les deux instances savent désormais pouvoir compter sur l’organisation des médecins généralistes sur le territoire. » * Accessible du 28 mars au 9 avril, et diffusé via le CDOI, la newsletter de la CPTS et l’URPS. Sur les 104 médecins répondants, 43% exerçaient seuls, 42% en cabinet de groupe, 8% en MSP et 7% en équipe de soins primaires.
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