Auditionné ce mercredi 15 avril par la commission des Affaires sociales du Sénat, Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), a annoncé que les libéraux pourront bénéficier d’un premier acompte lié à la compensation de perte de revenus début mai, voire à la fin du mois d’avril. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, l’avait déjà annoncé lors de la séance de questions au Gouvernement, au Sénat, le 1er avril. Pour que les professionnels de santé puissent faire face à une perte notamment d’activité liée à la crise sanitaire, des “concertations” sont en cours pour mettre en place un accompagnement financier. Selon le directeur général de la Cnam, celui-ci devrait être instauré par le Gouvernement par “voie d’ordonnance”. Cela permettra de “déclencher très rapidement un premier acompte, si possible fin avril, sinon tout début mai”, a précisé Nicolas Revel, auditionné par la commission des Affaires sociales du Sénat. Depuis le début du confinement, tout particulièrement, les généralistes sont en effet victimes d’une perte considérable d’activité, les patients préférant ne pas se déplacer par crainte d’être contaminés par le Covid-19 ou, parfois, par peur de déranger les soignants. Depuis fin mars, la Cnam note, en effet, que leur activité a diminué de 40%, et 50% pour les spécialistes, tandis que d’autres professionnels (dentistes, masseurs-kinésithérapeutes…) sont pratiquement à l’arrêt.
Dépassement de l’Ondam Malgré des consultations en nette baisse, le directeur général de la Cnam note toutefois une explosion des arrêts maladie liés à l’épidémie de Covid-19. “On voit bien qu’on va avoir un très gros trou d'air lié à cette récession économique historique sur les recettes de la Sécurité sociale”, a déclaré Nicolas Revel. Sur les trois dernières semaines, soit la période du confinement, la Cnam constate une stabilité de la dépense de l’Assurance maladie au niveau des établissements de santé. En effet, pour les hôpitaux et cliniques (84,4 milliards), le Gouvernement a apporté par ordonnance une "garantie de financement" globale, mais, prévient Nicolas Revel, des "surcoûts ponctuels" peuvent survenir, surtout en réanimation. Pour les "soins de ville", la Sécu constate un net "freinage", estimé à 350 millions de moins par semaine, tandis qu’une "hausse significative" des arrêts maladie (estimée à 185 millions d’euros de plus par semaine) est observée, notamment due à l’augmentation “des arrêts de travail dérogatoires”. Malgré ce freinage sur ces dernières semaines, Nicolas Revel reste “attentif”, précisant que des nombreux éléments allaient venir s’ajouter “plus tard”, comme le coût du dispositif d’accompagnement financier pour les professionnels de santé. Par ailleurs, l'Assurance maladie financera les 4 milliards d'euros alloués à Santé publique France pour l'achat d'équipements de protection, ainsi que les tests de dépistage dont les montants ne sont pas encore connus. Pour toutes ces raisons, le directeur général de la Cnam en est “convaincu” : l’Ondam 2020 (205,6 milliards d'euros) sera largement dépassé. “Je reste à ce stade assez prudent sur l’ampleur de ce dépassement”, a-t-il toutefois précisé. “Mais je pense que même du côté de la ville, nous aurons, à la fin, un solde qui ne sera pas aussi négatif ou en baisse que ce que font apparaître ces chiffres des trois premières semaines”, a expliqué Nicolas Revel. C’est pourquoi, il a jugé “évident” de voter un budget rectificatif de la Sécu “quand les choses se seront un peu stabilisées”, probablement cet été.
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