
Les Padhue "n'ont pas la reconnaissance qu'ils méritent" : les médecins étrangers mettent la pression sur le Gouvernement
Après avoir manifesté début février, les praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) appellent les pouvoirs publics, dans une lettre datée du 21 février, à de nouvelles négociations afin d'améliorer leur conditions de travail.

Les trois syndicats représentatifs des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) ne décolèrent pas. Alors qu'un récent rapport de l'Ordre des médecins a mis en évidence la place importante des médecins étrangers régularisés dans le système de soins français, les Padhue "n'ont pas la reconnaissance qu'ils méritent", écrivent la Fédération des praticiens de santé (FPS), le Syndicat national des Padhue (SNPADHUE) et SOS Padhue, dans une lettre adressée ministère de la Santé et à la Direction générale de l'offre des soins (DGOS). "Au contraire, [le] parcours [de ces médecins] est semé d'embûches", poursuivent-ils.
"Les tensions auxquelles font face au quotidien les Padhue non encore inscrits à l’Ordre des médecins engendrent un sentiment d’insécurité et d’injustice", avancent les trois organisations syndicales dans ce courrier, consulté par Egora. Elles estiment, par ailleurs, que la situation de ces praticiens "est d’autant plus préoccupante" que 20% des postes ouverts n'ont pas été pourvus à l'issue des épreuves de vérification des connaissances (EVC) 2024 ; ce "qui exacerbe ce sentiment d’échec et de blocage".
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
Face à cette situation, les trois syndicats de Padhue demandent l'ouverture de négociations afin de prendre en compte les difficultés auxquelles font face ces praticiens, à commencer par un "niveau de rémunération faible", "des contrats précaires" et une "insuffisance de postes" de parcours de consolidation de connaissance (PCC) validants.
Des refus de renouvellement de titres de séjour
Les organisations signataires de cette lettre pointent également une "absence de temps dédié à la formation" pour les Padhue, ainsi que le refus de renouvellement de titres de séjour pour certains praticiens en exercice. Ces refus créent "une situation ubuesque où le Centre national de gestion (CNG) est contraint de demander aux lauréats, pour ne pas risquer l’expulsion, de déposer leur dossier devant la commission [d'autorisation d'exercice, NDLR], même si celui-ci n’est pas complet, risquant ainsi d’encombrer et de dysfonctionner les commissions", expliquent les trois syndicats de Padhue, qui proposent la mise en œuvre d'un "accord entre les ministères de l’Intérieur et de la Santé pour garantir le renouvellement systématique des cartes de séjour à tous les Padhue sous contrat" ou l'accord "éventuellement [d'une] carte de 10 ans".
Les syndicats dénoncent, en outre, l'organisation des EVC 2025. "Reniant ses promesses initiales, [le Gouvernement] choisit de maintenir les épreuves sous forme de concours interne, alors que les syndicats appellent unanimement à ce qu’elles soient organisées sous forme d’examen pour les Padhue ayant plus de deux ans d’exercice en France", peut-on lire.
Dans ce contexte, les trois syndicats représentatifs des Padhue annoncent décliner leur participation à une réunion prévue par visioconférence ce lundi 24 février avec la DGOS. "Notre refus de participer est justifié par l'absence de la directrice générale, sans elle rien ne peut aboutir", a précisé à Egora Ayoub Mdhafar, président de la FPS. La fédération ainsi que les autres signataires de la lettre appellent les pouvoirs publics à ouvrir "un dialogue constructif en présentiel afin de trouver des solutions durables, adaptées aux besoins du système de santé et respectueuses du parcours".
"Nous serons contraints en absence de toute négociation tenant compte de la totalité de nos demandes, d'envisager d'autres moyens pour faire entendre nos revendications et trouver une issue acceptable à cette situation", préviennent les syndicats.
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