
L'Ordre submergé par les signalements d'exercice illégal de la médecine esthétique
Les actes médicaux à visée esthétique réalisés par des professionnels autoproclamés connaissent une croissance inquiétante en France, alerte l'Ordre des médecins, qui a reçu 128 signalements en 2024.

"La progression est inquiétante, ça représente aujourd'hui un signalement tous les trois jours", souligne la Dre Claire Siret, présidente de la section santé publique du Conseil national de l'Ordre des médecins, qui a reçu 128 signalements en 2024. En 2023, le nombre de signalements était de 123, contre 62 en 2022 et 22 en 2021.
Ces actes médicaux réalisés par des non-médecins sont la plupart du temps proposés via les réseaux sociaux - Instagram et TikTok en tête. Auparavant circonscrit aux injections d'acide hyaluronique ou de botox, ce phénomène concerne désormais aussi des interventions de chirurgie esthétique comme des liposuccions du cou ou des liftings, qui peuvent entraîner de graves complications.
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
Pour tenter d'endiguer le phénomène, les pouvoirs publics ont règlementé la dispensation par les pharmaciens des dispositifs à base d'acide hyaluronique injectable, en exigeant la présentation d'une prescription médicale. "Mais cela n'empêche pas des non-professionnels médicaux d'en commander facilement sur Internet", regrette le Dr Jean-François Delahaye, chirurgien plasticien et conseiller national de l'Ordre.
Un autre produit popularisé sur les réseaux sociaux inquiète particulièrement les professionnels, le "Lemon Bottle": une petite bouteille jaune citron venue de Corée qui promet de faire fondre les graisses. "Ce produit est totalement interdit en France. Il n'y aucune garantie d'efficacité et on ne connait pas du tout sa composition", avertit Jean-François Delahaye.
Plusieurs affaires d'injections illégales sont arrivées en justice, dont certaines ont abouti à des peines de prison ferme. "On espère que cela découragera des praticiens non habilités à effectuer ce genre d'actes", escompte Claire Siret. Rien que pour le mois de janvier 2025, l'Ordre est en préparation de huit saisines du procureur pour exercice illégal de la médecine. "C'est vraiment exponentiel", souligne-t-elle.
[Avec AFP]
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