
Tous les médecins devront exercer jusqu’à deux jours par mois dans un désert médical, annonce le Gouvernement
En déplacement dans le Cantal, François Bayrou présente ce vendredi un "pacte de lutte contre les déserts médicaux". Issu des concertations menées depuis début avril avec les médecins, les élus locaux et les groupes parlementaires, ce plan en quatre axes se veut une alternative à la régulation de l’installation.

Alors que six millions de Français n'ont pas de médecin traitant et que deux propositions de loi - l’une à l’Assemblée nationale, l’autre au Sénat - visent à instaurer une régulation de l’installation des médecins, le Gouvernement dévoile ce vendredi son plan de la dernière chance. En déplacement dans le Cantal, le Premier ministre François Bayrou s’apprête à présenter un "pacte de lutte contre les déserts médicaux" en quatre axes, issu des concertations menées depuis le début du mois avril.
Médecins, serez-vous prêts à aller exercer jusqu'à 2 jours par mois dans un désert ?

Michael Finaud
Non
On comprend parfaitement que ce gouvernement et ce Ministre pourtant médecin et ses 8 prédécesseurs détestent la médecine libérale... Lire plus
Des consultations avancées obligatoires
Mesure phare de ce pacte : instaurer un principe "de responsabilité et de solidarité territoriale" de tous les médecins. Généralistes comme spécialistes, jeunes et moins jeunes, ils devront se relayer pour répondre aux besoins dans les zones particulièrement sous-denses en y exerçant "jusqu’à deux jours par mois". Ces "consultations avancées" auront un "caractère d’obligation", confirme une source gouvernementale. Elles feront l’objet d’une "compensation financière" pour les médecins qui participeront ; à l’inverse, ceux qui ne joueraient pas le jeu pourraient être pénalisés. Afin d'assurer la continuité des soins dans leur cabinet, les médecins pourront solliciter des remplaçants.
Les ARS, en lien avec les élus locaux et les préfets, auront pour mission d’identifier rapidement les zones prioritaires, les "zones rouges", dans lesquelles l’accès aux soins est très dégradé voire inexistant. L’exécutif estime que 30 millions de consultations pourraient ainsi être "réorientées" chaque année dans ces zones. Ce dispositif sera étendu par la suite à l’ensemble du territoire.
François Bayrou, qui a entendu la "grogne" des médecins et étudiants, ne soutiendra pas la régulation de l’installation
Cette politique "volontariste", reposant sur la "confiance" dans la mobilisation des professionnels de santé dans leur territoire, est présentée comme une alternative à la régulation de l’installation souhaitée par Guillaume Garot et les députés du groupe transpartisan, mais aussi par le sénateur Philippe Mouiller, auteur d’une proposition de loi qui sera examinée à partir du 12 mai. Une mesure qui n'est pas soutenue par le Gouvernement. "Le Premier ministre a écouté, a consulté, a entendu le mouvement de contestation des professionnels et des jeunes, indique une source gouvernementale. C’est une piste qu’on ne souhaite pas poursuivre, car elle a plein d’effets indésirables et que par ailleurs elle ne règlerait pas le problème."
Sinusites, otites... Les pharmaciens pourront prendre en charge davantage de pathologies
Les trois autres axes visent à former plus d’étudiants, au plus près des territoires, notamment en généralisant à l’ensemble des départements une voie d’accès aux études de santé ; à mobiliser davantage les compétences des autres professionnels de santé, en particulier les pharmaciens qui pourront prendre en charge sans prescription médicale davantage de pathologies (rhinites, otites, sinusites...) ; et à aménager les territoires pour favoriser les installations et les stages d’étudiants en médecine, avec le développement des internats ruraux.
Une partie de ces mesures seront introduites par amendements dans les PPL Garot et Mouiller.
Plus d’informations à venir sur Egora.
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