#MeToo à l'hôpital : les internes lancent un appel à témoignages pour "libérer la parole"
En plein mouvement #MeToo à l'hôpital, l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) a lancé, mardi 23 avril, un appel à témoignages afin de "libérer la parole" sur le phénomène des violences sexistes et sexuelles à l'hôpital. "C'est en libérant la parole que l'on va réussir à en faire parler et à briser l'omerta", assure Juliette Danckaert, vice-présidente du syndicat, qui veut aider les victimes.
Alors que le mouvement #MeToo ébranle l'hôpital depuis deux semaines, les internes veulent libérer la parole. Mardi 23 avril, l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) a lancé un appel à témoignages national sur les violences sexistes et sexuelles. Accessible sur les réseaux sociaux du syndicat, ce questionnaire invite les internes à témoigner, anonymement ou non, afin de mettre en avant les propos, comportements et gestes déplacés trop souvent vécus ou observés à l'hôpital.
Pour mettre en avant cet appel, l'Isni a également publié une vidéo. On y voit Sophie, une interne, qui tout au long de sa journée de stage à l'hôpital subit les propos et gestes déplacés d'un chirurgien. "Alors ma princesse, t'as pas mis ton décolleté aujourd'hui ?", "Super ma belle", "On va faire le plâtre maintenant. On fait comme d'habitude : toi tu mouilles et moi je bande !"…
Selon l'Isni, 50% des internes subissent des violences sexistes et sexuelles. Alors qu'un interne se suicide tous les 18 jours, "Sophie en fera-t-elle partie ?", lance le syndicat dans sa vidéo, avant de conclure : "On nous tue. Aidez-nous à vivre."
#metoohopital
L’ISNI se mobilise contre les violences sexistes et sexuelles.
Nous lançons demain un appel à témoignage national, pour libérer la parole et accompagner celles et ceux qui le souhaitent.
Vous n’êtes pas seul·e·s. On vous croit. pic.twitter.com/aKCSxKFJSY— ISNI - InterSyndicale Nationale des Internes (@ISNItwit) April 22, 2024
Avec cet appel à témoignages, l'Isni entend bien "libérer la parole". "On veut récolter des témoignages pour pouvoir faire parler de ce problème. C'est en libérant la parole que l'on va réussir à en faire parler et à briser l'omerta", confirme Juliette Danckaert, vice-présidente du syndicat, interrogée par Egora. Ce questionnaire doit aussi permettre à l'organisation de "récolter des données". "On se rend compte que, quand on fait une bibliographie nationale ou internationale, on a peu de données [sur le sujet des violences sexistes et sexuelles, NDLR]", ajoute la représentante syndicale.
Enfin, la "dernière mission" avec cet appel est "d'aller faire du repérage pour protéger les internes" qui le souhaitent, prolonge Juliette Danckaert. Les étudiants qui répondent au questionnaire peuvent, en effet, décider de lever – même partiellement – leur anonymat. Une option qui laisse à l'Isni la possibilité "d'intervenir pour les aider, car on a les moyens de les aider". "Les victimes peuvent parler, et il y a un espace où on les écoute et où on peut les aider", explique la vice-présidente. Sur ses réseaux sociaux, le syndicat rappelle notamment qu'il peut prendre en charge des frais d’avocat en cas de harcèlement au niveau pénal et ordinal.
Face aux prises de parole qui s'accumulent sur les violences sexistes et sexuelles à l'hôpital, Frédéric Valletoux a annoncé, ce mercredi 24 avril, réunir "l'ensemble des acteurs dont les internes, mais pas seulement, le 29 avril", puis "l'ensemble des Ordres", donc ceux des médecins des infirmiers et des sage-femmes, "début mai". Selon le ministre délégué chargé de la Santé, l'objectif de ces rencontres est de trouver des "pistes" et des "propositions concrètes" "d'ici quelques semaines". "La culture de l'impunité […] est terminée. Il y aura une tolérance zéro", a-t-il insisté sur France Inter, précisant que tout "le système de santé en général […] doit être regardé".
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