Mort d'un étudiant en médecine après une soirée d'intégration : la fac de Lille mise en cause dans un rapport
Alors que trois étudiants en médecine doivent comparaître ce mercredi 4 septembre devant le tribunal correctionnel pour bizutage et complicité de bizutage suite à la mort accidentelle de Simon Guermonprez en juillet 2021, un rapport de l'Inspection générale de l'Education, du Sport et de la Recherche (IGESR) accable l'Université de Lille et son UFR médecine pour avoir laissé perdurer ces pratiques.
Le 9 juillet 2021, Simon Guermonprez, 19 ans, meurt fauché par une balayeuse sur l'autoroute A27, à hauteur de Sainghin-en-Mélantois (Nord). Quelques heures plus tôt, l'étudiant, tout juste admis en deuxième année de médecine à la faculté de Lille, participait à une soirée d'intégration au cours de laquelle il aurait bu beaucoup d'alcool.
D'après les informations du Parisien, la soirée aurait été organisée dans un appartement par un groupe d'étudiants se faisant appeler "Les Borgia", qui ce soir-là, avait prévu pas moins de trois bassines contenant chacune 60 litres de cocktails. Les nouveaux arrivants auraient été incités à se mettre à genoux pour être marqués d'une croix s'ils acceptaient de boire de l'alcool. Alcool administré directement dans la bouche, avec une grosse seringue. Simple "mode opératoire" destiné à "impressionner les nouveaux", se défendent les responsables de ce groupe, qui assurent qu'il n'y avait "aucune obligation" de boire de l'alcool et qu'il ne s'agissait pas d'un bizutage.
Ce mercredi 4 septembre, les deux responsables du groupe devront pourtant répondre de bizutage devant le tribunal correctionnel, tandis que l'étudiante qui a mis son appartement à disposition pour la soirée est poursuivie pour complicité de bizutage et que le chauffeur du véhicule qui a renversé Simon est lui accusé d'homicide involontaire.
Mais d'après Le Parisien, la famille de la victime aurait demandé le renvoi du procès après avoir pris connaissance d'un rapport de l'IGESR accablant l'Université de Lille et la faculté de médecine. "Depuis 2012 et à la suite d'événements graves de bizutage, l’'intégration' est officiellement interdite par la faculté de médecine, mais elle a continué à avoir lieu au vu et au su de tous (...) alors même qu'elle a été le théâtre d'événements graves", dénonce ce rapport, cité par Le Figaro. Ces dernières années en effet, deux décès et trois blessés graves ont été déplorés, et deux viols ont été déclarés.
Un bizutage "ancien, récurrent, persistant"
La mission IGESR a recensé huit groupes d'étudiants d'intégration "pérennes et bien connus de tous à l’échelle de la faculté de médecine" et "trouvé la trace de leurs actions, pouvant prendre la forme d’un bizutage, ancien, récurrent, persistant, parfois associé à des violences graves, qui n’a pas été sanctionné par la gouvernance universitaire et fait l’objet d’une omerta assez partagée", cite encore Le Figaro. La faculté est également mise en cause pour sa "passivité" suite aux événements du 8 juillet 2021 : aucune mesure conservatoire ou sanction n'auraient été mises en place suite aux événements.
Pour les inspecteurs, il est certain que "l'université comme l'UFR n'ont pas mis fin à des pratiques inadmissibles et condamnées par la loi", et qu’elles auraient même "contribué à leur pérennisation et même à leur amplification". "L'université ne doit pas considérer que ces activités d'étudiants, parce qu'elles sont extérieures au périmètre du campus, ne sont pas de son ressort et que sa responsabilité n'est pas engagée, dès lors qu'elle s'abstient d'agir bien qu'ayant connaissance des types de faits qui s'y déroulent", rappellent les auteurs.
La famille de Simon Guermonprez envisagerait désormais de poursuivre l'université pour manquement.
L'UFR réagit
Sollicité par Egora, l'UFR sciences de santé et du sport évoque les "répercussions" du décès du jeune homme sur la "communauté étudiante", sur le personnel mais aussi sur l'institution, ainsi que "l'impact" du rapport de l'IGESR. Mais "nous sommes à la veille d'un procès pour lequel nous vous le rappelons, nous ne sommes pas mis en examen. Et à ce stade, nous ne nous sentons toujours pas autorisés à prendre la parole pour faire valoir notre position, nos actions et les résultats que nous avons pu constater", déclare l'UFR, qui nous renvoie toutefois à l'action conduite ces dernières années "pour sécuriser davantage les événements festifs dans leur sphère privée".
Mise à jour du 04/09/24 : Sur demande de la famille, le procès a été reporté au 11 février 2025.
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