99,8% de postes pourvus : ce que cache l'apparente attractivité de la médecine générale aux ECN

20/09/2023 Par Marion Jort
Internat ECN
La spécialité de médecine générale a perdu en attractivité “au décours des choix aux ECN de la promotion 2023”, affirme l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale. L’organisation a réalisé une grande analyse pour décrypter ce que cachent les 99,8% de postes pourvus cette année.  

 

Un taux “historiquement le plus haut et jamais atteint” qui montre que le “DES de médecine générale à quatre ans est plébiscité” pour le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), un signe “d’attractivité” de la spécialité pour la Conférence nationale des doyens de la faculté… Les 99,8% de postes pourvus en médecine générale aux dernières ECN semblent être sources de satisfaction pour le milieu universitaire.  

Pourtant… ce quasi-taux plein est loin de satisfaire les organisations étudiantes. Dans un communiqué de presse, l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) affirme au contraire que “la spécialité de médecine générale a perdu en attractivité au décours des choix de la promotion 2023”. Le syndicat a analysé les 9484 choix des candidats et démontre un recul net du choix de la spécialité à plusieurs niveaux.  

Il rappelle d’abord que le pourcentage d’internes affectés en MG par rapport au nombre total de postes ouverts a augmenté significativement entre 2017 (93% des postes étaient pourvus) et 2019 (100%). Entre 2019 et 2023, la médecine générale a continué à faire carton plein au concours. Toujours en 2019, la dernière personne à choisir la spécialité (hors CESP) était classée 9593ème sur 9728, “plusieurs dizaines d’internes n’ont donc pas eu accès à la spécialité”, relève l’Isnar-IMG qui conclut qu’à partir de là, les médecins généralistes n’étaient plus “les médecins qui ‘échouaient’ puisque beaucoup de candidats mal classés ne pouvaient plus la prendre”.  

Crédit : Isnar-IMG

 

La tendance à la fin de la promotion est “beaucoup moins marquée que la tendance au début de la promotion”, décrypte le syndicat. “En effet, en tenant compte de l’inflation des postes, en 2017, 10% des internes de MG (premier décile) étaient mieux classés que le 3374ème ; alors qu’en 2022, les 10% d’internes de MG les mieux classés étaient en dessous du 3066ème. Les futurs généralistes concluent donc que l'attractivité de la spécialité a brutalement chuté chez les personnes “bien classées'”, qui l’ont moins choisie.  

Enfin, pour l’Isnar-IMG, la baisse de l’attractivité se mesure aussi et surtout  par le recul relatif du rang médian et du rang moyen. Précision importante : ce rang moyen augmente tous les ans car le nombre d’internes choisissant un poste et le nombre de postes ouverts au choix augmentant chaque année (+14% en cinq ans). “A attractivité constante, la courbe du rang médian (mais aussi la courbe du premier décile, du premier quartile, du dernier quartile …) doit donc augmenter chaque année. Ainsi, être 6007ème sur 8424 en 2020 correspond au fait d’être 6358ème/8854ème en 2022”, précise le syndicat.  

Cette année, on peut constater que le rang médian a augmenté “moins vite que l'augmentation attendue” par rapport à l’augmentation du nombre de postes totale [aussi appelée inflation, NDLR]. En 2022, le rang médian aurait dû être de 6358ème et il s’est finalement élevé à 6145ème. En 2023, le rang médian a rattrapé l’inflation.  

Crédit : Isnar-IMG

“Lorsque l’on prend les années 2019 et 2018, les indicateurs peuvent aller dans des sens divergents, mais lorsque l’on considère la période 2017-2022, tous les indicateurs convergent vers une amélioration de l’attractivité de la médecine générale, alors qu’elle diminue entre 2022 et 2023”, conclut le syndicat.  

 

*La personne ayant choisi MG au dernier quartile voit 75% des postes de MG choisis avant elle, et 25% des postes de MG choisis après elle.  

 

Faut-il obliger les internes de 4eme année de médecine générale à participer à la permanence des soins ambulatoires ?

Michel Rivoal

Michel Rivoal

Oui

Tout cela n’est pas très cohérent ! Il faudrait d’abord lever les ambiguïtés . Pourquoi faut il une 4ème année de « spécialité en ... Lire plus

1 commentaire
6 débatteurs en ligne6 en ligne
Photo de profil de Henri Baspeyre
12,1 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 1 an
s'il y en a 4100 qui partent en SUISSE,BELGIQUE,çà fait 1 belle jambe!
 
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