FMC : 10 points clésSyndrome des jambes sans repos : éliminer les facteurs favorisants
Les formes légères peuvent être prises en charge par le médecin généraliste.
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01Point formation n°1
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est une maladie neurologique dont le diagnostic est clinique.
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Certains critères sont essentiels à son diagnostic : il s’agit d’une plainte sensitive au niveau des membres inférieurs (des picotements, une sensation de brûlure, des fourmillements, un « agacement ») qui oblige à bouger pour faire disparaître l’inconfort, au moins partiellement. Les symptômes prédominent au repos, sont aggravés par l’immobilité prolongée et prédominent le soir et la nuit. L’existence de symptômes sur l’ensemble des vingt-quatre heures d’emblée amène à reconsidérer le diagnostic. Rarement, les dysesthésies concernent également les membres supérieurs. Ce syndrome touche occasionnellement jusqu’à 10 % de la population, et 2,5 % de façon chronique. Il prédomine chez la femme (2 cas sur 3) et est la source d’une altération importante de la qualité de vie.
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Dans 80 % des cas, les patients présentent également des mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil : mouvements d’extension rythmique du gros orteil et de dorsiflexion du pied, parfois associés à une flexion du genou et de la hanche, très stéréotypés. Ces mouvements vont fragmenter le sommeil et prédominer en début de nuit. Ils peuvent être diagnostiqués par le conjoint. Le patient rapporte des mouvements involontaires des membres inférieurs (« jambes qui sautent »).
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La majorité des SJSR est idiopathique. Des antécédents familiaux sont fréquents. Une carence martiale est à rechercher systématiquement : la prévalence du SJSR est de 25 à 35 % en cas d’anémie. Un diabète de type 2, une insuffisance rénale chronique, une hémochromatose sont responsables de certaines formes secondaires. Une neuropathie peut être associée à un SJSR, même s’il s’agit plutôt d’un syndrome différentiel. Il peut aussi être observé dans certaines maladies de Parkinson traitées. Enfin, la grossesse favorise l’apparition des symptômes.
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La prise de médicaments comme les antidépresseurs, dès qu’ils ont une activité sérotoninergique, ou les neuroleptiques (et neuroleptiques cachés comme certains antiémétiques ou antihistaminiques) peut être révélatrice ou aggravante d’un SJSR jusque-là latent ou bien contrôlé.
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Un changement de style de vie, notamment une réduction de l’activité physique ou, au contraire, la pratique d’une activité intense dans la journée, peut exacerber les symptômes.
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Un bilan biologique minimum est nécessaire (NFS, ferritinémie, créatininémie, glycémie à jeun). L’éviction ou la diminution des médicaments favorisants doit être systématique. Un enregistrement de sommeil couplé à la vidéo est indiqué dans les formes pharmaco-résistantes ou quand il existe un doute diagnostique. Il aidera également à mettre en évidence un syndrome d’apnées du sommeil, qui peut être associé et constituer un facteur aggravant.
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08Point formation n°8
La prise en charge médicale a pour but de réduire la sévérité des symptômes. Dans un premier temps, elle passe par des règles d’hygiène de vie : se détendre le soir avant l’endormissement, respecter des horaires veille-sommeil réguliers, ne pas dormir dans une pièce trop chauffée, éviter l’exercice physique intense en fin de journée, limiter l’alcool et la nicotine ainsi qu’une consommation importante de café. L’exercice physique modéré dans la journée est recommandé. La correction d’une carence martiale par l’obtention d’une ferritinémie supérieure à 75 ng/ml est systématique.
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Dans les formes légères, la prescription d’opïodes de palier 2 à la demande est recommandée (tramadol ou paracétamol codéiné). Les formes sévères à très sévères devront être adressées au médecin spécialiste (neurologue ou médecin du sommeil) pour décider de la mise en route d’un traitement spécifique. Les agonistes dopaminergiques sont utilisés en général en première intention, bien tolérés le plus souvent en raison de la faible posologie dans cette indication (qui évite les effets secondaires de ces molécules, comme les troubles du contrôle des impulsions). Ces médicaments peuvent être responsables d’un « syndrome d’augmentation », qui oblige à une vigilance sur les doses croissantes de médicaments.
Les antiépileptiques sont également efficaces (gabapentine, prégabaline). -
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Le retentissement sur la qualité de vie est important. Il est à évaluer (sommeil, troubles de l’humeur, vie sociale) dans la décision thérapeutique.
Références :
- Limousin N, et al; SFRMS. Traitement du syndrome des jambes sans repos nouvellement diagnostiqué. Médecine du sommeil 2019;16(2):106-13.
- Chemini S, et al. Syndrome des jambes sans repos pharmaco-resistant. Médecine du sommeil 2019;16(2):114-25.
La Dre Violaine Gonon déclare ne pas avoir de lien d’intérêts concernant les données de cet article.