Un collectif propose d'ouvrir des postes d'enseignants-patients dans les facs de médecine
"Qui mieux qu’un patient peut transmettre au futur médecin ses attentes, son expérience de la maladie et une critique des actions proposées ? Qui est mieux placé pour juger si les décisions sont bien centrées sur ses besoins ? Comment ne pas introduire cette logique lors de la formation médicale ?" C’est à partir de ce constat qu’Alain Mercier, généraliste et professeur à l’université Sorbonne-Paris-Nord à Bobigny, ainsi que plusieurs enseignants, médecins et patients, ont écrit une tribune dans les colonnes du Monde."Nous savons nécessaire la présence de patients dans l’enseignement de la médecine, pour des soins réellement centrés sur la personne."
S’appuyant sur les "publications [qui] confirment l’apport des patients" dans les études de médecine, le collectif met en avant "la relation soignant-soigné", essentielle dans leur profession. "Ces savoirs, partagés entre patients, nourrissent les apprentissages des étudiants, futurs professionnels de la santé", poursuivent-ils. Les patients peuvent proposer "des actions" devenir “expert de leur maladie", ce sont eux qui la vivent. "Ces savoirs sont exposés aux étudiants en médecine, dans des domaines comme la communication professionnelle en santé, l’éducation thérapeutique, la décision partagée, l’addictologie." Pour l’instant, d’un point de vue pratique, "les enseignants-patients effectuent des propositions d’évolution de la formation vers d’autres perspectives pédagogiques".
Le sixième point de la stratégie nationale de santé, portée par le ministère, suggère "d’adapter la formation aux enjeux du système de santé". Pour les signataires de cette tribune, il est évident qu’il faut intervenir auprès des étudiants, "refonder le système sans penser l’éducation des futurs professionnels serait un non-sens". Pour cela, ils veulent dialoguer "entre instances et usagers, avec pour objectif d’avoir des acteurs de santé de qualité."
L’intérêt de ces enseignants-patients n’est pas simplement "pédagogique", c’est "une véritable vision, systémique et globale, intégrant les évolutions sociétales sur ce que doivent être les soignants de demain". Pour cela, certains changements doivent être mis en place. "Les patients doivent être présents au sein des facultés, au niveau des instances." De plus, sur le plan pratique, il faut réfléchir à un nouveau "code de l’éducation", pour donner au patient-enseignant "un statut", "des droits" et "une rémunération". Les signataires attendent des "facultés pilotes", qui seront soutenues par les instances.
"Être un bon médecin, c’est allier savoir académique, scientifique et expérience de la maladie." Ces enseignants-patients doivent créer "un espace pour que les futurs médecins intègrent la perspective de leurs patients".
[Avec Le Monde]
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