La Commission européenne a ouvert lundi une enquête contre le laboratoire sud-africain Aspen, soupçonné d'avoir profité de sa position dominante pour facturer "à des prix excessifs", après une hausse rapide, cinq médicaments anticancéreux.
"Lorsque le prix d'un médicament augmente soudainement de plusieurs centaines de pourcents, il y a matière pour la Commission à enquêter", a affirmé la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, citée dans un communiqué. C'est la première fois que l'exécutif européen, gardien de la concurrence dans l'UE, ouvre une enquête sur les pratiques de tarification excessive de l'industrie pharmaceutique, sur lesquelles le débat fait rage depuis plusieurs mois, notamment aux Etats-Unis. Aspen Pharma "prend très au sérieux le respect des lois sur la concurrence et travaillera de manière constructive avec la Commission", a réagi le groupe dans un communiqué. Les cinq substances concernées --chlorambucil, melphalan, mercaptopurine, tioguanine, busulfan-- vendues sous différentes appellations, sont des médicaments dits "de niche". Rachetées par Aspen Pharma à un autre laboratoire, elles ne sont plus protégées par un brevet, mais il n'en existe aucun générique. Elles sont utilisées dans le traitement de cancers, notamment les cancers du sang, souligne la Commission. Ils s'agit de médicaments "qui sauvent des vies et sont irremplaçables dans le traitement de certaines formes de cancer (par exemple la leucémie, le lymphome non hodgkinien, le myélome multiple) en particulier chez les jeunes enfants et les personnes âgées", écrivait fin octobre 2016 le Bureau européen des consommateurs (Beuc) dans une lettre à la Commission. "La Commission enquêtera sur des informations selon lesquelles Aspen aurait imposé des hausses de prix excessives et injustifiées, atteignant plusieurs centaines de pourcents du prix initial", précise-t-elle. "La société aurait, par exemple, menacé de retirer du marché les médicaments en question dans certains États membres afin d'imposer ces hausses de prix et aurait même mis sa menace à exécution dans certains cas", poursuit-elle. L'enquête concerne l'ensemble de l'UE, à l'exception de l'Italie, qui a déjà constaté une infraction et imposé le 14 octobre 2016 à Aspen une amende de 5 millions d'euros. "Les consommateurs comptent sur les entreprises pharmaceutiques pour se soigner et dans de nombreux cas sauver leurs vies", a réagi Monique Goyens, directrice générale du Beuc dans un communiqué. "Les grands groupes pharmaceutiques ne devraient pas abuser de cette dépendance, mais c'est exactement ce qu'ils semblent faire avec leur politique de prix", a-t-elle ajouté. [Avec AFP]
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