Les résultats de l’enquête Stop Arhrose 2 a permis de mettre en évidence l’absence d’amélioration de la prise en charge de cette maladie ces dernières années. Il s’agit en effet de la deuxième édition de cette enquête menée à l’initiative de l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar) et la Fondation Arthrose, la première ayant eu lieu en 2013. Les données qui viennent d’être présentées ont été recueillies chez près de 3.500 répondants (2.822 en France et 643 en Belgique) entre septembre 2019 et janvier 2021. Elles confirment le poids des symptômes et leur impact majeur sur la vie quotidienne, avec des chiffres très similaires à ceux de 2013.
Ainsi, la douleur concerne 9 personnes sur 10 (pour 36%, elle a commencé avant 40 ans). Elle apparait accentuée en cas de changement de temps (68%). Il existe un impact sur la vie familiale pour 62% des patients, professionnelle (44%), et les loisirs (78%). L’arthrose gène le sommeil dans près de 7 cas sur 10 (réveils nocturnes et difficultés d’endormissement). On constate par ailleurs un retentissement important sur le moral, sur la vie de couple et sexuelle. Et la moitié des patients se plaignent d’une fatigue, à la fois physique et psychologique. En outre, il ne faut pas sous-estimer la mauvaise image de soi qui touche 64% des arthrosiques.
Pour le Pr Laurent Grange, rhumatologue au CHU de Grenoble et président de l’Aflar, "cette non amélioration en 10 ans est assez catastrophique. On a un rôle d’information important à mener. Il y a encore beaucoup de choses à faire". Pour le spécialiste, il y a urgence. La recherche aussi, médicamenteuse ou non, doit être développée. Il y a trop peu d’investissement dans ce domaine, souligne le Pr Grange.
L’étude montre, par ailleurs, qu’il n’y a pas eu de différence globale sur l’intensité de la douleur pendant la pandémie de Covid, sauf au moment du confinement strict. Lors de cette période transitoire, on a observé une augmentation de la douleur, une baisse de la fonctionnalité, et une dégradation transitoire du moral qui s’est même prolongée un peu après. Ce phénomène est à mettre en rapport avec une baisse de l’activité physique, une prise de poids, le stress, l’isolement… mais aussi sur les doutes qui ont été émis par les autorités de santé sur les AINS au début de la pandémie.
L’étude confirme que la douleur constitue le principal besoin non satisfait selon les patients, ainsi que la baisse de la mobilité (72%). Les patients déclarent par ailleurs manquer d’informations (76%) sur la maladie et les traitements, et ils souhaitent un meilleur suivi médical (66%). Ils sont demandeurs d’informations médicales claires et précises, de conseils pratiques pour gérer la vie au quotidien, d’une meilleure reconnaissance de l’arthrose, et d’un soutien social pour mieux gérer les conséquences de la maladie.
Le Pr Yves Henrotin, docteur en kinésithérapie et réadaptation fonctionnelle, thérapeute manuel, fondateur et président de la Fondation Arthrose, martèle le message principal : "L’activité physique est le meilleur traitement de la douleur arthrosique : éviter la kinésiophobie (peur du mouvement) pour rompre le cercle vicieux de l’inactivité." Céline Mathy, psychologue (Fondation Arthrose), rappelle que le recours à un psychologue est un axe important pour rendre le patient acteur de sa santé. "Consulter un psychologue ne signifie pas que la douleur n’est pas réelle ou qu’elle est dans la tête du patient. Au contraire, le praticien va, avec son patient, analyser l’impact de cette douleur, lever les préjugés et les peurs qui l’entourent, et l’aider à mettre en place de bonnes stratégies pour lutter contre cette maladie."
L’arthrose est une maladie très fréquente puisqu’elle touche 17% de la population en France (9 à 10 millions de personnes atteintes dont 6 à 7 millions symptomatiques). Son incidence augmente du fait du vieillissement de la population et de l’épidémie d’obésité de sorte que l’arthrose pourrait concerner 23% de la population en 2030. Il s’agit de la deuxième cause d'invalidité, et de la deuxième cause de consultation chez le médecin généraliste.
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