Troubles bipolaires : des progrès dans la compréhension de la maladie et sa prise en charge
Dans le cadre de la Journée mondiale des troubles bipolaires, qui a lieu de 30 mars, les experts de la Fondation FondaMental ont fait le point sur cette pathologie et ont souligné l’importance de dépister des comorbidités somatiques ou une inobservance thérapeutique. Ils ont, par ailleurs, regretté le manque d’investissement des pouvoirs publiques dans la recherche, et ce malgré le poids majeur de cette pathologie. Concernant 600 000 personnes concernées en France, les troubles bipolaires sont classés au 6ème rang mondial des maladies les plus handicapantes. Ils sont aussi porteurs d’une surmortalité très élevée avec une espérance de vie réduite en moyenne de 15 ans chez les femmes et 20 ans chez les hommes ; le taux de mortalité étant 2 à 3 fois plus élevé que celui de la population générale. Pourtant, cette pathologie est encore « très stigmatisée et peu connue du grand public » a rappelé le Pr Marion Boyer, Directrice de la Fondation FondaMental, (Université Paris-Est Créteil -Upec-, CHU Henri Mondor, Inserm, Créteil). Elle n’est pas non plus reconnue à sa juste valeur par les pouvoirs publics, comme l’ensemble des pathologies psychiatriques, insiste la spécialiste, qui rappelle que seuls 2% du budget de la recherche médicale leur est dédié. « Le budget de la recherche n’est pas assez important compte tenu du poids de la maladie, insiste le Pr Leboyer. Pourtant, les progrès de la recherche permettent une nouvelle lecture des maladies psychiatriques et ouvrent la voie à des traitements porteurs d’espoir.
Pour elle, l’enjeu actuel est donc double : « améliorer l’organisation du soin et l’accès à la recherche ». La prise en charge des malades a été largement renforcée par la création de 12 centres experts, 4 nouveaux étant en cours d’installation. Ces centres de référence, auxquels le médecin traitant peut adresser les patients pour bilan diagnostique et prise en charge thérapeutique personnalisée, permettent de réduire le retard diagnostique qui était estimé à environ 10 ans (avec un âge de diagnostique compris entre 15 et 25 ans généralement). Une étude réalisée par le Dr Charles Laidi, psychiatre (Upec, CHU Henri Mondor, Inserm, Créteil), a par ailleurs montré l’impact de ces centres sur le plan médico-économique. Réalisée sur 1 116 patients, elle a permis d’estimer le coût direct moyen d’une maladie bipolaire à 7 000 euros par patient et par an, dont 80% était dûs à des hospitalisations (le reste étant lié aux médicaments et aux consultations). Les auteurs ont aussi montré que ce coût diminuait de 50% 2 ans après le diagnostic du fait de la réduction des hospitalisations. Il en ressort le rôle majeur des centres experts, qui permettent de réduire les hospitalisations du fait du bilan adapté et de l’accompagnement personnalisé qu’ils offrent aux patients, pour réaliser des économies. Ces centres représentent, par ailleurs, une source majeure de...
recrutement de patients en vue de projets de recherche. La Fondation FondaMental est particulièrement investie dans ce domaine, avec divers programmes qui recouvrent les différents aspects de la pathologie, et qui se répartissent en 3 catégories : des études visant à découvrir de nouveaux outils diagnostiques (via la génétique, l’immunologie, ou l’imagerie cérébrale), à mieux comprendre la pathologie (en particulier les troubles de sommeil associés, la régulation des émotions, les comorbidités somatiques et en particulier le syndrome métabolique), et enfin à découvrir de nouvelles stratégies thérapeutiques (rôle de l’adhésion, prévention des rechutes suicidaires, gérer les difficultés cognitives, développer la méditation…) Améliorer l’adhérence au traitement et la prise en charge des comorbidités Sur le plan thérapeutique la question de l’adhérence apparait centrale. On estime en effet que la moitié des patients ont des difficultés d’observance, qui influent sur l’efficacité des traitements. Les analyses effectuées le Dr Raoul Belzeaux, psychiatre (AP-HM, CNRS Aix-Marseille), permettent d’en identifier 3 grandes causes : les patients ne comprennent pas à quoi sert le traitement ; le traitement ne fonctionne pas suffisamment, laissant la persistance de symptômes dépressifs résiduels gênants ; et enfin, des difficultés de planification. Les malades jeunes apparaissent plus inobservants du fait que la maladie est récente et qu’ils ne savent pas bien la gérer. Les sujets plus âgés, quant à eux, présentent des troubles cognitifs qui participent à ce manque d’observance.
Les comorbidités somatiques occupent aussi une place importante. Au premier rang figurent les maladies cardiovasculaires, qui, avec le cancer, constituent la première cause de mortalité dans les troubles bipolaires. L’équipe du Dr Ophélia Godin, épidémiologiste (Upec, Inserm), s’est donc intéressée au syndrome métabolique et à la stéatose hépatique non alcoolique. Leurs travaux ont révélé des prévalences doublées de ces syndromes par rapport à la population générale. En outre, 2/3 des patients bipolaires n’étaient pas correctement traités pour leurs pathologies cardiométaboliques. Les chercheurs soulignent donc « l’importance de dépister et surveiller en routine l’ensemble des paramètres somatiques et cardiovasculaires » chez ces malades. Enfin d’autres travaux ont permis des progrès dans la connaissance de la physiopathologie de la maladie. Ils soulignent en particulier l’importance de la génétique, avec l’identification de gènes de vulnérabilité, dont une certain nombre sont d’ailleurs communs avec la schizophrénie.
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