Pharmacie incendiée, barrages routiers… L’accès aux soins menacé en Martinique
Depuis plusieurs jours, la Martinique est secouée par des violences urbaines sur fond de protestation contre la vie chère. Le système de santé de l’île a été particulièrement impacté par ces exactions.
"Tout est en cendres, tout a été détruit." Dans la nuit de jeudi à vendredi, la pharmacie de Willy Hilaricus, située au Carbet, en Martinique, est partie en fumée, privant des centaines de patients d’accès aux médicaments. Pillages, barrages routiers, incendies… Depuis le début du mois de septembre et le lancement du mouvement contre la vie chère, l’île est le théâtre de violentes émeutes. Ces exactions se sont intensifiées la semaine dernière, faisant au moins trois morts, ce qui a poussé le préfet à instaurer un couvre-feu jeudi matin jusqu’à ce lundi 14 octobre.
En soutien à leur confrère du Carbet, les pharmaciens martiniquais, qui ont, pour certains, aussi subi des actes de vandalisme, ont fermé leurs portes de 10h à 11h vendredi. Mis à part cette fermeture d’une heure, l’agence régionale de santé a assuré sur son site que les officines resteraient ouvertes en journée, tant que possible. En effet, "des barrages érigés en divers points de l’île" ont compliqué et compliquent toujours par endroits "l’accès des professionnels de santé à leur lieu de travail", malgré une "évolution favorable de la situation sécuritaire" observée depuis ce week-end.
Des difficultés pour circuler
"Les barrages ne permettent pas aux médecins et professionnels soignants de circuler et d'aller à la rencontre des patients qui en ont besoin, ni aux patients de se rendre dans les lieux de soins", s’inquiétait vendredi l’Union régionale des médecins libéraux (URML) de Martinique dans un communiqué, appelant la ministre de la Santé et de l’Accès aux soins à "tout mettre en œuvre pour un retour au calme sur le territoire, afin que la continuité des soins et l'accès aux soins de la population soient préservés".
Les quatre maisons médicales de garde (MMG) ont été fermées vendredi soir, à l’instar des pharmacies de garde, "mettant en danger les populations les plus fragiles". "La CPTS met tout en œuvre pour organiser une régulation d'urgence via le SAS, sans pouvoir toutefois garantir les interventions médicales. Il est urgent d'aboutir à une solution d'apaisement pour prévenir tout risque sanitaire majeur et des décès faute d'accès aux soins dans les délais", alertait l’URML vendredi. Selon la préfecture, les MMG ont rouvert samedi et dimanche en journée.
Jeudi, le centre hospitalier de Martinique avait également activé son plan blanc pour faire face aux exactions qui ont fortement perturbé ses activités.
Des discussions, réunissant le préfet, la Collectivité Territoriale de Martinique, les élus locaux, le RPPRAC (association qui a lancé le mouvement contre la vie chère) – qui exige l’alignement des prix martiniquais sur ceux de l’Hexagone, ou encore les distributeurs, se sont tenues ce week-end "afin d’apporter des solutions concrètes, durables et structurelles au phénomène de la vie chère", a indiqué la préfecture, espérant la conclusion d’un protocole d’accord "au plus tôt".
"Nous visons une réduction substantielle des prix, avec des baisses attendues entre 15 et 20%. Aujourd'hui, la discussion est à son terme, tous les partenaires ont fait de très gros efforts, il faut maintenant conclure !", a déclaré François-Noël Buffet, ministre auprès du Premier ministre chargé des Outre-mer. Une nouvelle rencontre doit avoir lieu ce mardi 15 octobre.
[avec France-Antilles Martinique]
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