Age, démographie, exercice... Cinq chiffres clés sur les kinés
Le Conseil national de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK) a publié lundi 18 novembre son troisième rapport sur la démographie de la profession. Constatant une dynamique "positive", l'instance ordinale milite pour que les pouvoirs publics fassent davantage appel aux kinésithérapeutes.
105 658
C'est le nombre de kinésithérapeutes inscrits au tableau de l'Ordre au 1er janvier 2024, contre 101 574 au 1er janvier 2023. 85% d'entre eux ont une activité libérale ou mixte, et 15% sont exclusivement en exercice salarié. La kinésithérapie représente le quatrième effectif parmi les professions de santé après les infirmières, les aides-soignants et les médecins, et devant les pharmaciens, les dentistes et les sages-femmes. Les kinés constituent, en outre, la première profession de rééducation, loue le CNOMK.
D'après les derniers chiffres transmis par l'instance à Egora, le nombre de kinésithérapeutes inscrits au tableau a déjà nettement augmenté depuis le début de l'année. Ils sont désormais 109 000 kinésithérapeutes (au 4 novembre 2024)
"Ce nombre témoigne non seulement de l'attractivité de notre profession, mais également de la capacité des kinésithérapeutes à répondre aux besoins croissants de la population, notamment en matière de vieillissement et de maladies chroniques, à la condition qu’on les y encourage et que l’on souhaite mobiliser leurs compétences", commente la présidente de l'Ordre, Pascale Mathieu, qui milite pour un accès direct depuis des années, en préambule de ce rapport, réalisé tous les deux ans.
154,5
C'est le nombre de kinésithérapeutes pour 100 000 habitants en France au 1er janvier 2024. Cette densité se répartit de la façon suivante : 131,3 pour l’exercice libéral et mixte et 23,2 pour l’exercice salarié. La France se situe à la 12e place en Europe*. C'est l'Estonie qui compte le plus de kinésithérapeutes par habitant (595), suivie de la Belgique (355,9) et du Danemark (283,8). Le bas du classement est détenu par la Hongrie avec seulement 7,08 kinésithérapeutes pour 100 000 habitants.
En France, des disparités subsistent entre les territoires, ce qui impacte l’accès équitable aux soins, soulève l'Ordre. Si l'on constate "une nette amélioration dans certaines régions", comme la Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie et la Corse avec plus de 200 kinésithérapeutes pour 100 000 habitants, des "faiblesses" persistent ailleurs. En particulier dans "les zones à forte demande où l’installation reste insuffisante", comme la Normandie, le Centre-Val de Loire et l’Île-de-France avec moins de 120 kinésithérapeutes pour 100 000 habitants.
Toutefois, "aucune région métropolitaine n’a une densité inférieure à 100". Outre-mer, les densités des régions Martinique (252,9), Réunion (266,5) et Guadeloupe (283,7) sont les plus élevées. En revanche, les régions Mayotte (24,0) et Guyane (51,8) présentent des "densités inquiétantes" au regard du reste de l'Hexagone. A l'échelle des départements, sept présentent une densité inférieure à 80 : la Seine-Saint-Denis, l'Eure-et-Loir, l'Aisne, l'Oise, la Haute-Marne, Guyane et Mayotte.
328
Bien que "faible", le nombre de kinésithérapeutes salariés au sein de cabinets libéraux augmente sensiblement. Un phénomène relativement nouveau, souligne le Conseil de l'Ordre dans son rapport. Au 1er janvier 2024, on dénombre ainsi 328 salariés en cabinets de ville, ce qui représente 2,1% des 15 849 kinés salariés. "En 2020, il y avait 148 kinésithérapeutes dans cette situation", "soit une augmentation de + 122%", précise-t-on.
"Le développement de ces modèles de salariat par un ou plusieurs kinésithérapeutes libéraux ou par une société d’exercice libéral (SEL) peut s’expliquer par la double contrainte de la demande de soins assortie de la limitation d’installation en zone sur-dotée", explique l'Ordre, qui rappelle qu'en 2018, l'arrêté de zonage des kinés a instauré la régulation de création d'activité conventionnelle. "Le frein à la création d'une nouvelle activité conventionnée sans le départ d’un kinésithérapeute de la zone sur-dotée, sauf mesures dérogatoires, a poussé le développement de ces contrats de salariat non soumis aux règles conventionnelles." En effet, dans ces structures libérales, les kinésithérapeutes exercent "sous le conventionnement" du kinésithérapeute ou de la société qui les emploient.
7 635
C'est le nombre de kinésithérapeutes qui sont, au 1er janvier 2024, remplaçants exclusifs. En nette augmentation. Au 1er janvier 2020, ils étaient 3 338, ce qui représente une augmentation de 228,7%, rapporte le CNOMK qui tient à nuancer ce pourcentage, "la crise Covid ayant pu impacter à la baisse le nombre de remplaçants exclusifs pour l’année 2020". Pour une comparaison plus fiable, l'Ordre a préféré prendre en compte les données de 2018. Au 1er janvier de cette année-là, 6 006 kinés étaient remplaçants exclusifs. L'augmentation du nombre de remplaçants exclusifs atteint 27,1% entre 2018 et 2024, quand l'augmentation de kinésithérapeutes inscrits dans le collège libéral ou mixte s'élève, elle, à 22,1% sur la même période.
C'est en Bretagne et dans le sud-ouest que les remplaçants exclusifs sont présents dans les plus grandes proportions.
32 574
C'est le nombre de kinésithérapeutes inscrits en France qui sont titulaires d’un diplôme obtenu hors France au 1er janvier 2024. Ils représentent 30,8 % des professionnels inscrits au tableau de l'Ordre. Au 1er janvier 2020, ils étaient 23 728, soit une augmentation de 26,1%. Six départements de métropole, par ailleurs frontaliers avec l’Espagne, l'Allemagne et la Belgique, présentent un taux de détenteurs de diplôme obtenu hors France dépassant les 50% (les Ardennes, le Bas-Rhin et le Haut Rhin, l'Ariège, l'Aude et les Pyrénées orientales ; c'est le cas aussi en Guadeloupe et à Mayotte).
Parmi les diplômes obtenus hors France pour les professionnels inscrits au tableau au 1er janvier 2024, les diplômes belges sont largement majoritaires 43,0% (14 013), suivis des diplômes espagnols 31,3% (10 186), allemands 8% (2604), portugais 4,7% (1533), roumains 4,5% (1473), et polonais 4,3% (1396). "Ces six pays forment 95,8 % des diplômés inscrits formés hors du territoire français", peut-on lire dans le rapport.
Parmi ces diplômés hors France, 21542 sont de nationalité française soit 66,1% des diplômés hors France. Ils étaient 14 056 au 1er janvier 2020, soit 59,2% des diplômés hors France cette année-là. Cela "questionne sur le maintien des quotas d’admission" en institut de formation (IFMK), juge l'Ordre.
Parmi les autres enseignements de ce rapport, on constate que la profession est jeune (âge médian de 38,16 ans) et de plus en plus féminisée. Ainsi au 1er janvier 2024, près de 20 000 kinés ont entre 25 et 29 ans. 52,2% des effectifs sont des femmes (contre 49,9% en 2020). Elles sont largement majoritaires (68,3%) chez les kinés salariés, tandis qu'elles représentent 49,4% des kinés libéraux ou en exercice mixte. Dans cette catégorie, elles sont en revanche majoritaires parmi les kinés de moins de 40 ans.
En outre, le CNOMK constate une hausse des kinés en exercice à domicile exclusif.
*Pays de l'UE, auxquels s'ajoutent le Royaume-Uni et la Suisse.
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