Généraliste et globe-trotteuse, une des solutions aux déserts médicaux

22/09/2018 Par Sandy Berrebi-Bonin

C'est l'histoire d'une jeune femme de 30 ans, passionnée par son métier et qui a eu envie de découvrir la France après avoir parcouru le monde. Hélène Verdon, médecin généraliste, a réussi à combiner toutes ses envies en organisant un tour de France des remplacements en camping-car. Partie de Bretagne, elle a traversé la Normandie, les Vosges, la Haute-Saône et la Saône-et-Loire. Son périple aboutira dans le Var en novembre prochain avant d'avoir traversé la Drôme, l'Isère, la Savoie et les Bouches-du-Rhône. Elle nous raconte son parcours.

  La championne de la presse quotidienne régionale 2018, c'est elle. Hélène Verdon, jeune médecin généraliste remplaçante a fait l'objet de dizaines d'articles cet été. Et pour cause. Elle a décidé de révolutionner le remplacement en médecine générale en faisant un tour de France à bord d'un camping-car. "En discutant avec plusieurs personnes lors de mes voyages, j'ai pris conscience que je ne connaissais pas mon propre pays. Je savais à peine placer les villes dont elles me parlaient sur la carte", commente Hélène Verdon avant de poursuivre "cela m'a donné envie de découvrir la France, mais je voulais aussi travailler, alors je me suis dit que je n'avais qu'à allier les deux".  

"Ce mode de vie nomade m'avait plu"

  Le camping-car s'est imposé comme une évidence pour Hélène Verdon. "Je ne vois pas comment j'aurais pu faire autrement. Il n'y a quasiment plus jamais de logements proposés lors des remplacements. Je ne me voyais pas changer de Airbnb toutes les semaines ni aller à l'hôtel. Je suis allée en Nouvelle-Zélande en début d'année. Beaucoup de touristes étaient en van. Je trouvais l'idée hyper sympa. Ce mode de vie nomade m'avait plu", explique la généraliste qui a finalement choisi le camping-car pour pouvoir prendre des douches !

Une fois sa décision prise, la jeune femme dessine son parcours et poste plusieurs annonces de remplacement sur les sites internet des conseils départementaux de l'Ordre. Elle reçoit quelques réponses mais pas autant qu'attendues. "J'avais trouvé un premier remplacement à Binic en Bretagne pour mon départ et puis plus grand-chose", raconte-t-elle. "La date se rapprochant, j'ai paniqué. Je n'avais pas suffisamment de remplacements, je n'avais jamais fait de camping-car de ma vie… Mais ma famille et mes amis m'ont rassurée", raconte Hélène Verdon.  En naviguant sur internet, la jeune femme tombe par hasard sur le site RemplaFrance sur lequel elle poste son annonce. "Les filles du site m'ont rappelée, je leur ai expliqué ma démarche, elles l'ont comprise et depuis elles m'aident à trouver mes remplacements", confie, reconnaissante, Hélène Verdon.  

"J'ai eu plein de coups de cœur"

  "Depuis que j'ai commencé mon itinéraire tout va bien, je suis à l'aise et je ne rencontre pas de difficultés particulières", s'enchante la généraliste. "Je suis passée par plein de cabinets sympas. Plein de choses positives sont faites qu'il s'agisse de cabinets de groupe ou de maisons médicales. Les gens travaillent de plus en plus ensemble, s'organisent pour avoir des horaires sympas… Et la France est magnifique, je suis ravie de la découvrir", ajoute la jeune femme enthousiaste. "J'ai eu plein de coups de cœur, c'est même presque difficile émotionnellement. On sait ce qu'on quitte mais pas ce qu'on trouve", confie-t-elle. Tester plusieurs types d'organisation de travail a permis à la jeune médecin de définir ceux qui lui conviennent le mieux. "J'aime bien commencer tôt le matin, faire une grosse matinée, bloquer une demi-journée par semaine pour les visites… Je déteste le sans-rendez-vous… Je trouve que bloquer quelques créneaux d'urgence sur une journée est indispensable. Mais tout cela est très subjectif", estime celle qui se déplace chez ses patients à bord de son camping-car ou à vélo. Si Hélène Verdon est ouverte à la découverte de nouvelles expérience professionnelles, certains cabinets sont toutefois rédhibitoires pour la jeune femme qui refuse d'aller y remplacer. "Si le cabinet n'est pas informatisé, je n'y vais pas. Je ne vais pas m'amuser à sortir les dossiers papier. Je ne peux pas tenir une consultation en 15 minutes comme ça. L'informatique pour un médecin c'est très important. Je ne remplace pas non plus dans les cabinets de médecins qui voient 50 patients par jour et qui font de l'entre-deux ou chez ceux qui n'ont pas de secrétariat. Je préfère ne pas travailler que de travailler dans de mauvaises conditions. J'ai trop peur de faire une erreur", tranche la praticienne.  

Maître dans l'art de la débrouille

  Cette démarche, à l'origine centrée sur la découverte de la France, aura appris beaucoup à la trentenaire. "Je suis devenue hyper adaptable" s'amuse Hélène Verdon qui est devenue maître dans l'art de la débrouille. "Je trouve toujours des solutions pour pouvoir rester concentrée sur le patient et ne pas perdre trop de temps" se félicite-t-elle. "Cela m'aura permis d'y voir plus clair dans l'organisation de mon futur exercice, y compris dans la gestion d'un cabinet". Le périple d'Hélène Verdon est prévu jusqu'en novembre. Mais le mois de décembre de la généraliste nomade est déjà booké… en Savoie.

Carte des remplacements

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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