La coercition à l'installation est "injuste et inefficace" réaffirme l'Ordre des médecins
Alors que les amendements prônant la coercition ou le conventionnement sélectif se succèdent dans le cadre du PLFSS 2023, le Conseil national de l'Ordre des médecins réaffirme son oppositions à ces mesures.
"Les solutions pour préserver l’accès et le parcours de soins reposeront sur l’organisation d’équipes de soins coordonnées par le médecin, au plus près des besoins des patients et des réalités des territoires. La réponse aux difficultés du système de santé passera par les médecins, pas contre eux. La coercition n’est pas une solution. Ni pour les médecins, et encore moins pour les patients", estime le Cnom dans un communiqué diffusé vendredi 21 octobre. "Les mesures de coercition ou de conventionnement sélectif sont tout à la fois injustes et inefficaces. Injustes pour les médecins, car elles reviendraient à faire porter aux jeunes générations la responsabilité de décennies de décisions totalement inadaptées aux enjeux de notre système de santé", juge le Cnom.
L'institution ordinale pointe également le fait que le conventionnement sélectif concernerait le seul mode d’exercice libéral, "qui souffre déjà d’un manque d’attractivité et de reconnaissance, notamment auprès des jeunes". D'après une étude menée auprès de jeunes généralistes inscrits pour la première fois à l’Ordre en 2009, seuls 45% ont toujours un exercice régulier exclusivement libéral 13 ans après, en 2022. Or, les médecins à exercice libéral représentent actuellement 95% des médecins traitants.
Le Cnom rappelle qu'une étude de la Drees datée de décembre 2021 a pointé l'inefficacité de la coercition dans les zones où elle a été expérimentée. Il est "illusoire de penser que l’infime nombre de zones médicalement sur-denses en France puissent représenter une réserve de médecins suffisante pour pallier le manque de praticiens dans une partie toujours plus importante du territoire national", note l'Ordre. Pour l'institution, la clé viendra d’une nouvelle organisation du parcours de soins.
"Cette nouvelle approche repose sur une plus grande coopération entre tous les professionnels de santé, réunis au sein d’une équipe de soins coordonnée par le médecin traitant", rappelle le Cnom, qui a planché sur la question de l'accès aux soins dans le cadre du Comité de liaison inter ordres (Clio), union des sept ordres des professions de santé. "Ce nouveau parcours de soins ne sera tout simplement pas possible s’il n’est pas accompagné d’une revalorisation forte et sincère du rôle du médecin généraliste dans sa dimension tant professionnelle que financière. C’est à cela que les pouvoirs publics devraient s’attacher. Il y a urgence", alerte l'Ordre.
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