Lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi 9 mars, l’URPS Médecins d’Ile-de-France a indiqué que 63% des Franciliens vivent désormais dans un désert médical. Et 1,7 million de personnes seraient sans médecin traitant. La situation ne peut plus durer. Le "risque vital" est "engagé", ont alerté les médecins libéraux franciliens, ce mercredi, lors d'une conférence de presse organisée par la métropole du Grand Paris (MGP). Se basant sur le prochain zonage de l’Agence régionale de santé (ARS), l’URPS Ile-de-France assure que la région est le premier désert médical de la métropole. Près de 63% des habitants (7,5 millions de personnes) vivraient dans une zone d’intervention prioritaire, où le manque d’offre de soins est la plus marquée. Cette désertification médicale ne concernait que 7% de la population francilienne en 2015. A ces 7,5 millions de Franciliens vivant dans un désert, s’ajoutent 4,2 millions de personnes vivant en zone fragile (33,9% de la population) où "il n'y a également pas le nombre de médecins et de soignants nécessaires pour accéder correctement aux soins", a expliqué le Dr Valérie Briole, présidente de l’Union régionale des médecins libéraux. "Nous avions sonné l'alerte et maintenant on y est. Nous avons des risques de perte de chance pour les patients." En 10 ans, l’Ile-de-France a perdu 3.742 médecins libéraux, dont 1.821 généralistes. Les spécialistes eux aussi se font de plus en plus rares : -28% de dermatologues, -26% de gynécologues, -22% d’ophtalmologistes et de rhumatologues. Conséquences : 1,7 million des habitants sont dépourvus de médecin traitant, des services de garde ferme, et des centres d’appels d’urgence se retrouvent sans régulateur. Et la situation risque de se dégrader dans les prochaines années, alertent les principaux concernés. En effet, d’ici cinq ans, la région va perdre 50% de son offre de soins en médecine libérale, estiment-ils. L’âge moyen des médecins laisse en effet entrevoir de nombreux départ à la retraite très prochainement : 1 médecin francilien sur 2 a plus de 60 ans, 1 sur 4 plus de 65 ans.
Supprimer les cotisations retraites pour les plus de 65 ans Face à cette hémorragie, l’URPS ML Ile-de-France avance des propositions, avec, en haut de la liste, une revalorisation des tarifs des consultations et des actes "à la moyenne européenne". Objectif : attirer les futurs praticiens, qui se détournent de la médecine libérale. L’Union suggère également de majorer les honoraires de 30% pour les médecins des zones sous-denses, mais aussi d’élargir les critères d’aide financière à l’installation des dispositifs Cnam, ARS, région. Un service de recrutement de médecins piloté par l’URPS devrait être également mis en place. Souhaitant garantir plus de temps médical, l’organisation plébiscite de former des gestionnaires de cabinet et d’exonérer de charges leur médecin employeur. Afin de maintenir l’existant, l’URPS ML IdF veut également supprimer les cotisations retraites pour les plus de 65 ans. Et mettre en place un service d’audit et de soutien économique, juridique et immobiliser pour les cabinets fragilisés. Cap également sur l’avenir, avec la volonté de multiplier les postes d’internes. Dès 2022, l’URPS souhaite que soient accordés 300 postes d’internes supplémentaires dans la région. Elle souhaite par ailleurs l’ouverture de 500 libéraux de stage libéraux supplémentaires. Il faut "se former hors des murs hospitaliers", insiste l’Union. [avec AFP]
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