"Charnier" de la fac Paris-Descartes : des corps ont été utilisés pour des crash-tests et des expérimentations militaires

02/06/2021 Par Pauline Machard
Faits divers / Justice
Certaines dépouilles données au centre du don des corps de la faculté de médecine de l'université Paris-Descartes ont été revendues à des entreprises privées et à l’armée, à des fins d’expérimentations. Et ce sans que les donateurs ou leurs familles n’en soient informés.
 

Épinglées depuis une investigation de L’Express en 2019, les pratiques du centre du don des corps - fermé depuis lors - sont à nouveau exposées au grand jour. En consultant le rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) diligenté par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sur le Centre du don des corps de l’Université de médecine de Paris-Descartes, France info a en effet vu que celui-ci évoquait “la mise à disposition de corps pour des crash-tests dans le secteur automobile”. La chaîne a alors enquêté, et révèle qu’en 2019, “37% des revenus du Centre des corps provenait de sociétés dont l’objet principal était industriel”. “C’est légal, mais les donateurs n’en ont pas été informés”, précise le média, qui cite la vice-présidente de l’association Charnier Descartes, Laurence Dezelée, dont la mère a donné son corps : “Bien sûr, on ne leur a pas dit : ‘Vous allez peut-être servir pour des crash-tests et être envoyée à 150 à l’heure dans un mur’”. L’ancien président de l’Université, Axel Kahn, a confirmé selon la chaîne que les “personnes qui donnent leur corps à la science n’ont pas conscience de le faire dans le cadre d’une contractualisation privée, c’est-à-dire en intégrant des circuits financiers” et que “par conséquent, il y a tromperie, indubitablement”   Un rapport rendu le 7 juin Franceinfo explique par quel mécanisme les dépouilles se sont retrouvées dans les mains de l’industrie automobile, mais aussi de l’armée : une convention “légale et unique en Europe”, a été passée entre l’Université Paris-Descartes et le centre européen d’études de sécurité et d’analyse des risques (CEESAR), un organisme chargé des études en biomécanique. Elle prévoit la mise à disposition des corps, tarifée : “900 euros pour un sujet, 400 pour une pièce anatomique”.

La question d’une meilleure information des donateurs se pose selon le média, qui rappelle que la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, attend la remise d’un rapport le 7 juin afin de mieux encadrer le don du corps.

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