Prescriptions irrégulières : six mois de prison avec sursis requis contre un généraliste, ex-adjoint au maire de Marseille
Six mois de prison avec sursis et 2 500 euros d’amende. C’est la peine requise à l’encontre du Dr Patrick Padovani, ancien adjoint à la santé et aux addictions du maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (Les Républicains), de 2008 à 2020. Le médecin, âgé de 75 ans, comparaissait lundi 18 décembre devant le tribunal correctionnel de la Cité phocéenne, suspecté d’avoir irrégulièrement prescrit en renouvellement du Rivotril, de la Ritaline et du Subutex - des médicaments classés ou assimilés stupéfiants - à un toxicomane, entre mars et juin 2021.
À l’époque, le toxicomane, atteint d’épilepsie, de troubles schizophréniques et d’infections sanguines liées à ces injections, avait été éloigné temporairement - 6 mois - du centre de soins, d’accompagnement et de prévention (Csapa), où le Dr Padovani intervient, après une altercation verbale avec le personnel. C’est l’interpellation de l’homme (décédé depuis), en juin 2021, alors qu’il revendait sous le manteau des comprimés de Rivotril, qui a déclenché les poursuites contre le médecin.
“Des renouvellements à l’aveugle”
Car le Dr Padovani, souhaitant trouver une solution à la prise en charge de ce toxicomanie refusé de tous les centres de soins de la ville, et qui voulait assurer la “continuité des soins”, avait alors décidé de rédiger les ordonnances : “Vu sa dangerosité pour lui et pour la société, il fallait une action rapide, s’est-il justifié au tribunal. Car pour obtenir un rendez-vous chez un psychiatre, il faut attendre 8 mois et pour un neurologue, ce n’est pas avant une année. J’ai donc prolongé ses traitements. Son protocole de soins courait jusqu’au 29 septembre.”
Or, pour le Parquet, le Dr Padovani, étant généraliste, n’avait pas le droit de prescrire ces médicaments classés ou assimilés stupéfiants (le Subutex nécessitant même une ordonnance sécurisée), sans une ordonnance annuelle signée d’un spécialiste. Le fait de s’abriter derrière un protocole de 3 ans signé entre la CPAM et le patient n’est pas recevable pour la procureure. "Ce sont des renouvellements à l’aveugle”, a-t-elle fait valoir. Le jugement sera rendu le 5 février.
[Avec AFP, La Marseillaise, La Provence]
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