Un chef de service relaxé après des propos polémiques sur l’Afrique et les vaccins pendant le Covid
Un chef de service de l’AP-HP était poursuivi pour avoir tenu des propos polémiques sur les vaccins et sur l’Afrique. Le médecin a finalement été relaxé, vendredi dernier, par le tribunal correctionnel de Paris. Le 1er avril 2020, en pleine pandémie de Covid-19, un chef d’un service réanimation de l’AP-HP avait tenu des propos polémiques sur la chaîne LCI. Le médecin avait en effet suggéré de tester si le vaccin BCG avait un effet protecteur contre le Covid. "Si je peux être provocateur, est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique où il n'y a pas de masque, pas de traitement, pas de réanimation... un peu comme cela s'est fait pour certaines études avec le sida, où chez les prostituées, on essaie des choses parce que l'on sait qu'elles sont hautement exposées et parce qu'elles ne se protègent pas", avait-il déclaré. Face à lui, un microbiologiste de l’Inserm répond : "Vous avez raison, on est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique pour faire ce type d'approche." Cet échange télévisé a suscité de nombreuses réactions notamment du footballeur Didier Drogba, d’origine ivoirienne, qui avait souligné que l'Afrique n'était "pas un laboratoire", et du patron de l'OMS qui avait dénoncé des "propos racistes", venant de "l'héritage de la mentalité coloniale". L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, anciennement CSA) avait également “fermement mis en garde” la chaîne de télévision pour “défaut de maîtrise de l’antenne”. Les deux scientifiques avaient alors présenté leurs excuses. Plusieurs associations comme la Ligue sénégalaise des droits humains et la Ligue ivoirienne des droits de l'Homme ont cependant décidé de porter plainte contre le médecin pour “injure raciste”. Ce vendredi, le tribunal correctionnel de Paris a finalement décidé de relaxer le médecin. Le tribunal a estimé que ses détracteurs avaient fait une “interprétation tronquée” de ses propos. Le médecin “émet une hypothèse scientifique, fondée sur la description" du "dénuement sanitaire dans une zone géographique" et ses propos "ne présentent aucun caractère injurieux". Pour Me Gabriel Dumesnil, avocat du prévenu, "c'est l'aboutissement d'un long combat. Le tribunal a reconnu qu'il n'avait commis aucune infraction, il espère maintenant tourner cette triste page", a-t-il déclaré à nos confrères de l’AFP. [Avec AFP]
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