Pour ces médecins, parmi lesquels Irène Frachon et Catherine Hill, le plan de prévention présenté hier par le Gouvernement se limite à des "mesures cosmétiques" contre l'alcoolisme. Mais pour la ministre de la Santé, il n'est pas question de durcir le ton.
"L'alcool tue davantage en France que les armes à feu aux États-Unis (49.000 morts par an contre 33.000)", interpellent un collectif de médecins dans un communiqué diffusé hier, en réaction au plan de prévention du Gouvernement. "Le vin a encore gagné", taclent-ils, alors que fin février la ministre de la Santé avait été désavouée par Emmanuel Macron sur la question du vin. "La seule mesure de prévention concernant l'alcool est l'augmentation de la taille du pictogramme pour les femmes enceintes", déplorent-ils. Une mesure "cosmétique" qui n'est pas à la hauteur de la gravité de la situation selon les signataires : le Pr Michel Reynaud, président du Fonds action addiction, les président et vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie Nicolas Simon et Bernard Basset, la pneumologue Irène Frachon, les épidémiologistes Catherine Hill et Serge Hercberg, le psychiatre addictologue Amine Benyamina, Albert Hirsch (Ligue contre le cancer) et Gérard Dubois (Académie de médecine). "Jamais plus d'un litre de vin par jour !" L’Académie et le pinard (1914-1918) Ces médecins auraient voulu que la formule "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé" soit remplacée par "l'alcool nuit à la santé", et que le gouvernement dénonce tous les "messages trompeurs" sur la modération ou l'éducation à boire. Ils proposent aussi d'informer les consommateurs sur les calories, le sucre et les quantités d'alcool pur, d'instaurer "une taxe sur les boissons alcoolisées en fonction du nombre de grammes d'alcool pur", ou encore "un coup d'arrêt au contournement incessant de la Loi Evin par les marques alibis, et le sponsoring déguisé des manifestations sportives ou culturelles". "Il est encore temps de proposer un Plan national alcool", d'après eux, et "son contenu permettra de juger si la prévention reste la priorité annoncée par le président de la République ou si les intérêts du lobby alcoolier prévalent encore". "Prohibition" Ce mardi matin, la ministre de la Santé a réagi au micro de RTL. La formulation "l'alcool nuit à la santé" "peut laisser penser qu'on est pour une action de prohibition, c'est à dire qu'on ne veut pas d'alcool du tout, or ce n'est pas le cas aujourd'hui", a répondu Agnès Buzyn. "Je pense qu'il faut informer les Français sur le fait que l'alcool nuit à la santé de manière proportionnelle à la dose et que chacun doit être en capacité de choisir", a-t-elle précisé. "Il y a un lobby mais ma bataille n'est pas de lutter contre les lobbies, elle est de faire de l'information et je maintiendrai les messages de santé publique que j'ai toujours donnés sur la nocivité proportionnelle" de la consommation d'alcool, a-t-elle insisté. [avec AFP]
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