Psychologue sur prescription, CMP, post partum… les annonces de Macron aux Assises de la santé mentale

29/09/2021 Par Louise Claereboudt
Politique de santé

Dégradée lors de l’épidémie de Covid-19, la santé mentale des Français constitue un véritable enjeu de santé publique. Lors des Assises de la psychiatrie et de la santé mentale, les 27 et 28 septembre, le président de la République a ainsi annoncé une série de mesures pour pallier le manque de prise en charge et d’accompagnement des personnes en souffrance psychique.   C’est un des fléaux que la crise sanitaire a permis de mettre en lumière : la santé mentale des Français s’est considérablement dégradée ces dernières années, et en particulier depuis l’épidémie de Covid. Etats dépressifs, addictions, idées suicidaires, troubles psychiques, isolement… Face à la hausse de l’ensemble de ces indicateurs, le président de la République avait annoncé en janvier 2021 l’organisation d’Assises de la psychiatrie et de la santé mentale avant l’été afin d’apporter des réponses à ce véritable enjeu de santé publique. Préparées par le Gouvernement, et par un comité d’orientation rassemblant 16 personnalités qualifiées reconnues, ces Assises se sont finalement tenues les 27 et 28 septembre, en présence d’Emmanuel Macron. Un total de 30 mesures ont ainsi été annoncées, certaines plus attendues que d’autres. Zoom sur les principales annonces.   Pensées suicidaires : un numéro national 1 Français sur 5 est touché chaque année par un trouble psychique (13 millions de personnes au total), 64% des Français ont déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique, le taux de suicide est l’un des plus élevés des pays européens de développement comparable (il s’agit même de la 2e cause de mortalité chez les 10-25 ans), les Français sont les plus gros consommateurs de psychotropes au monde… Le constat est sans appel, malgré le tabou persistant autour de la santé mentale. Avec plus de 23 milliards d’euros par an, les dépenses remboursées au titre de la souffrance psychique et des maladies psychiatriques sont le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, avant les cancers et les maladies cardiovasculaires. Le Gouvernement entend de fait “lever ce tabou”, en développant les campagnes de communication “généralistes” mais aussi “ciblées” vers les publics fragiles. Un numéro national de prévention du suicide sera disponible dès le 1er octobre à l’ensemble de la population, 24h/24, sept jours sur sept, pour offrir “une prise en charge sanitaire des personnes ayant des idées suicidaires, depuis les premières idées de mort jusqu’à la crise suicidaire”. Les appels seront assurés par des professionnels de santé, en lien avec le Samu. La lutte contre la souffrance au travail fait elle aussi partie intégrante du programme du Gouvernement pour les futures années avec, notamment, le renforcement du rôle des Services de prévention et de santé au travail (SPST) en matière de prévention des risques psychosociaux et de promotion de la santé mentale.   Les consult’ psychologues remboursées à certaines conditions A également été décidée dès 2022, la prise en charge de consultations de psychologues de ville (libéraux ou salariés) pour...

les Français de plus de 3 ans sous certaines conditions. Cette prise en charge se fera dans le cadre d'un forfait - renouvelable - de 8 consultations remboursées, la première séance étant à 40 euros et les suivantes à 30 euros. “Une avancée majeure pour la Sécurité sociale”, a souligné Olivier Véran sur France Inter ce mercredi 29 septembre. Cette mesure doit néanmoins s’inscrire dans un parcours de soins : les enfants, adolescents et adultes en souffrance psychique légère à modérée devront être “adressés par leur médecin” aux psychologues. Une décision qui n’est guère du goût de ces derniers, qui refusent que ce remboursement soit conditionné à l’avis du médecin.

  Cela représente un coût de 660 millions d’euros sur cinq ans. La mesure fera l’objet d’une évaluation d’ici 2050, “dans l’optique de poursuivre l’intégration des psychologues dans le parcours en santé mentale”.  

  Création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques Seront également créés 800 postes dans les centres médico-psychologiques (CMP) dès l’année prochaine, dont “la moitié en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent”, s’est félicité le secrétaire d'Etat chargé de l'enfance et des familles, Adrien Taquet. Objectif : réduire significativement les délais d’attente. En effet, selon le chef de l’Etat, dans certains territoires, ces délais peuvent être “supérieurs à 18 mois”. Parmi les autres mesures liées à l’augmentation des moyens, nous pouvons également citer  la création d’une maison des adolescents dans chaque département, la mise en place de 20 équipes mobiles pour la prise en charge des personnes âgées en Ehpad et dans les structures médico-sociales, et la création de 12 postes d’enseignants chercheurs en psychiatrie supplémentaires entre 2022 et 2025.   Repérage systématique de la dépression post-partum Dans le cadre de la mise en œuvre la stratégie des 1 000 premiers jours de l’enfant et le déploiement d’une offre de psychiatrie en périnatalité, Aurélien Taquet a annoncé l'instauration début 2022 d'un repérage systématique de la dépression post-partum - grâce à un entretien postnatal, dont 100.000 mères, chaque année, en seraient victimes (environ 15% d’entre elles). “C’est un combat de santé publique, et, je dirais même, politique.”

  Développement de la recherche en santé mentale Alors que la recherche française en santé mentale et psychiatrie représente “seulement 2 à 4% du budget de la recherche biomédicale, plusieurs annonces ont été faites pour améliorer l’attractivité du secteur et développer les recherches en France : lancement d’un programme de recherche (80 millions d’euros sur 5 ans), création de l’institut de stimulation cérébrale de Paris, du centre E-CARE de prise en charge et de recherche sur l’enfant, ainsi que le développement de l’usage du numérique en santé mentale. Au total, l’ensemble des mesures décidées lors des Assises représentent un coût global pour les finances publiques de près de 1,9 milliard d’euros sur 5 ans, soit 380 millions par an en moyenne.  

La psychiatrie développée dans le cadre du SAS
Alors que le Service d’accès aux soins (SAS) doit être généralisé dans les prochains mois, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ont souhaité compléter le dispositif en y intégrant une régulation psychiatrique 24h/24, 365 jours par an. Cette régulation sera effectuée par des infirmières de psychiatrie, supervisées par une psychiatre, et coordonnée par un professionnel “en lien avec l’offre de soins psychiatriques du département". 5 départements seront d’emblée concernés par la mise en place de cette régulation spécifique. Le coût de cette mesure atteint 1,2 millions d’euros en 2022 et 2,4 millions d’euros par an dès 2023.

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