"S'il n'y a pas 30 euros sur la table tout de suite, ce n'est pas signable" : la mise en garde de la CSMF à Thomas Fatôme
"2023 n'a pas été un très grand cru pour les médecins libéraux", a lancé Franck Devulder, en préambule de son discours de vœux, mercredi 17 janvier. "Ce fut l'année des frustrations, des conflits et surtout de l'échec des négociations conventionnelles", a rappelé le président de la CSMF. Un échec qu'il attribue à l'"absence de moyens mis sur la table". La "finalité" du contrat d'engagement territorial sur lequel l'accord a achoppé en février dernier "était de limiter les revalorisations à un tout petit nombre de médecins", accuse-t-il. 2024 doit être "l'année d'un virage ambulatoire, de la médecine libérale – oubliée depuis longtemps, du médecin de famille, de l'accès à la médecine spécialisée et de la revalorisation de l'expertise médicale", insiste Franck Devulder. Arbitrage du Gouvernement La CSMF attend donc avec un mélange d'impatience et d'inquiétude de voir la proposition tarifaire qui sera dévoilée par la Cnam jeudi 25 janvier. "S'il n'y a pas 30 euros sur la table, ce n'est pas signable. Si la réponse c'est on va vous filer un euro tout de suite, puis un euro dans un an, c'est niet", a prévenu Franck Devulder. Une proposition de revalorisation inférieure aux 30 euros ("totem" pour la profession, selon les mots de l'ancien ministre Aurélien Rousseau), ou différée "jetterait un froid sur les négociations", insiste Franck Devulder, qui demanderait alors "à la ministre Catherine Vautrin un arbitrage du Gouvernement sur le sujet". A la tête d'un "grand ministère", "4e dans l'ordre protocolaire", l'élue champenoise –"femme de caractère", qui "connait bien la santé"- aura le "poids politique" nécessaire pour peser face à Bercy, espère le président de la CSMF. La CSMF entend par ailleurs réclamer la levée du délai de 6 mois qui s'applique légalement aux revalorisations actées par un accord conventionnel avant leur entrée en vigueur. "Sinon on ne met pas 30 euros tout de suite, les médecins vont probablement massivement désobéir pour maintenir la solidité de notre modèle social", prévient-il.
Si la consultation de base à 30 euros est "une voie de passage obligée", la CSMF a rappelé qu'elle milite pour une "hiérarchisation" avec trois niveaux de tarification supplémentaires (60, 75 et 105 euros) en fonction de la complexité et de la fréquence des consultations. Elle réclame également une revalorisation des actes techniques : "la coloscopie est au centime près au même tarif qu'en 1994", a pointé le gastro-entérologue. La confédération plaide par ailleurs pour ce qu'elle appelle "l'optam pour tous", c'est-à-dire pour "espace de liberté tarifaire pour tous les médecins, solvabilisé par les complémentaires santé". "On ne peut plus échouer" "Penser que la capitation, que la téléconsultation et que les transferts de compétences vont résoudre le problème de l'accès aux soins des Français, c'est quand même un peu court", a taclé le président de la CSMF, réagissant au "cap" tracé la veille par Emmanuel Macron, qu'il appelle à ne pas être "le président qui aura définitivement enterré la médecine libérale". "Cette fois-ci, on ne peut plus échouer", martèle le responsable syndical. "Je pense qu'il nous en couterait tous de ne pas signer, mais je ne partage pas la position de Thomas Fatôme qui nous dit que les médecins seraient les grands perdants. Non, les premières victimes seraient les Français."
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