L’altération de la lipolyse peut avoir des conséquences métaboliques sévères
L’excès et l’insuffisance de stockage des lipides dans le tissu adipeux sont associés à une dyslipidémie, à une résistance à l’insuline et à une augmentation du risque de diabète de type 2. Le maintien de la fonction normale du tissu adipeux blanc est donc critique pour la sensibilité à l’insuline et l’homéostasie énergétique au niveau de l’organisme. La lipase hormono-sensible (HSL) codée par le gène LIPE est une lipase intracellulaire avec différents substrats lipidiques neutres dont les triglycérides, les diglycérides, les monoglycérides, les esters de cholestérol et les rétinyl-esters. HSL est exprimée de manière ubiquitaire et joue un rôle clé dans la lipolyse au niveau des adipocytes dans la stéroïdogenèse et dans la spermatogenèse. Cette lipolyse régule l’homéostasie énergétique via l’hydrolyse des triglycérides intracellulaires et la libération des acides gras pour leur utilisation comme substrat énergétique ou comme médiateur lipidique dans les processus cellulaires. Les gènes codant les protéines qui régulent l’homéostasie énergétique à travers la lipolyse sont donc de bons candidats pour jouer un rôle important dans la détermination de la sensibilité aux désordres métaboliques. Ceci a donc conduit une équipe américaine à séquencer 12 gènes des voies lipolytiques chez des membres de la communauté Amish dont les concentrations de triglycérides à jeun étaient aux extrêmes de la distribution. Ils ont identifié une délétion dans l’exon 9 du gène LIPE. Ils ont génotypé la délétion dans l’ADN de 2 738 participants Amish et ont réalisé des études d’association afin de déterminer les effets de la délétion sur les traits métaboliques. Ils ont, d’autre part, obtenu des biopsies de tissu adipeux abdominal sous cutané chez 2 sujets qui étaient homozygotes pour la délétion, chez 10 qui étaient hétérozygotes et chez 7 qui n’étaient pas porteurs. Ils ont analysé l’histologie du tissu adipeux, la lipolyse, l’activité enzymatique à ce niveau. Les porteurs de la mutation avaient une dyslipidémie, une stéatose hépatique et une résistance à l’insuline systémique ainsi qu’un diabète. Dans le tissu adipeux des participants qui avaient le génotype homozygote pour la délétion, la mutation était à l’origine d’absence de la protéine HSL, de petits adipocytes et d’une altération de la lipolyse ainsi que d’une insulinorésistance et d’une inflammation. Les facteurs de transcription répondeurs au PPAR-get les gènes cibles situés en aval étaient diminués dans le tissu adipeux des participants ayant le génotype homozygote délété, ce qui modifiait la régulation des voies métaboliques influençant la lipogenèse, la sensibilité à l’insuline et le métabolisme lipidique in vitro. Tout ceci indique donc bien que HSL a un rôle physiologique important dans la fonction adipocytaire et dans la régulation de l’homéostasie lipidique et glucidique de l’organisme. Ceci implique donc que l’altération de la lipolyse peut avoir des conséquences métaboliques sévères.
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