L’atorvastatine protégerait plus le rein que la rosuvastatine chez les diabétiques

05/03/2015 Par Pr Philippe Chanson

Chez les diabétiques de type 2, le nombre de sujets dont la fonction rénale diminue, amenant à une insuffisance rénale terminale, augmente. Si des modifications du style de vie peuvent réduire le risque rénal, le maintien d’une bonne glycémie et d’une pression artérielle satisfaisante sont aussi indispensables. Le cholestérol est un facteur de risque important de la perte de la fonction rénale et l’on sait que l’abaissement du cholestérol avec une statine a des effets rénaux protecteurs. Cependant, ces effets semblent varier suivant les statines, ce qui a conduit une équipe internationale à mettre en place l’étude PLANET 1 (Prospective Evaluation of Proteinuria and Renal Function in Diabetic Patient with Progressive Renal Disease) destinée à évaluer les effets rénaux de deux statines différentes chez les diabétiques ayant une protéinurie. L’étude, randomisée en double insu et groupes parallèles a été menée dans 147 centres situés dans le monde entier. Les patients, diabétiques de type 1 ou diabétiques de type 2 âgés de plus de 18 ans et présentant une protéinurie, traités par des IEC et/ou des ARA2 de manière stable, ont été inclus et ont reçu de manière randomisée soit de l’atorvastatine 80 mg, soit de la rosuvastatine 10 ou 40 mg pendant 52 semaines. Le critère d’évaluation primaire était le rapport protéine/créatinine dans les urines (RPCU). Le rapport du RPCU de début d’étude au RPCU de fin d’étude à 1 an était de 0.87 (IC 95 % : 0.77-0.99, p = 0.033) sous atorvastatine 80 mg, contre 1.02 (0.88-1.18, p = 0.83) sous rosuvastatine 10 mg et 0.96 (0.83-1.11, p = 0.53) sous rosuvastatine 40 mg. En analyse post-hoc, les données de l’étude PLANET 1 ont été combinées avec celles de l’étude PLANET 2, une étude randomisée en groupes parallèles de 237 patients ayant une protéinurie mais sans diabète. Dans cette analyse, l’atorvastatine 80 mg a abaissé le RPCU significativement plus que la rosuvastatine 10 mg (-15.6 %, IC 95 % -28.3 à -0.5, p = 0.043) et la rosuvastatine 40 mg (-18.2 %, -30.2 à -4.2, p = 0.013). Des effets secondaires sont survenus chez 69 (60 % des 116 patients dans le groupe rosuvastatine 10 mg) versus 79 (64 %) des 123 patients du groupe rosuvastatine 40 mg versus 63 (57 %) des 110 patients du groupe atorvastatine 80 mg. Les événements rénaux sont survenus chez 9 (7.8 %) des patients traités par rosuvastatine 10 mg, chez 12 (9.8 %) des patients traités par rosuvastatine 40 mg et chez 5 (4.5 %) des patients traités par atorvastatine 80 mg. En conclusion, malgré de fortes doses de rosuvastatine abaissant les concentrations des lipides de manière plus importante que ne le fait l’atorvastatine, l’atorvastatine semble davantage protéger la fonction rénale dans cette population de patients ayant une pathologie rénale chronique.

 
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