Malgré des progrès réalisés ces dernières années grâce, en particulier, au plan national AVC (2010-2014) qui a vu le développement des « filières AVC » et des Unités neurovasculaires (UNV), cette pathologie reste caractérisée par un pronostic sévère. Elle constitue, en effet, la première cause de mortalité chez la femme et la 1ère cause de handicap acquis chez l’adulte, en France. Des séquelles sont rapportées par 70 % des patients ; et chaque année 30 000 personnes supplémentaires déclarent des séquelles lourdes à 1 an. En outre, la prise en charge de l’AVC est encore marquée par de nombreuses inégalités territoriales et sociales. C’est pourquoi, à l’occasion de la journée de l’AVC, qui a eu lieu le 29 octobre, les acteurs de cette filière* ont publié un Livre blanc, assorti de 12 propositions pour améliorer la prise en charge des AVC et leurs conséquences. Ce document est le fruit de 2 années de travaux de la part des experts de la Conférence AVC, qui ont mené de nombreuses consultations auprès des acteurs de la filière, et ont réfléchi à des mesures concrètes susceptibles de réduire l’impact de AVC. Les pistes d’amélioration concernent à la fois la prévention, la fluidité intra-hospitalière, la prise en charge de tous les patients dans des unités spécialisées, le recours aux traitements innovants ou encore le post-AVC. « Nous appelons les pouvoirs publics à s’emparer de ces 12 recommandations, afin de construire une politique ambitieuse, améliorant chaque étape de la prise en charge de ces patients » déclarent Françoise Benon, Présidente de France AVC, Jean-Dominique Journet, Président de la Fédération Nationale des Aphasiques de France, et Philippe Thébault, Président de l’Alliance du Coeur.
Dans leur Livre blanc, les membres de la Conférence AVC constatent tout d‘abord qu’une proportion importante des AVC pourrait être évitée grâce au contrôle des principaux facteurs de risque modifiables et au dépistage de certaines pathologies (fibrillation atriale, syndrome d’apnées du sommeil). « La priorité se résume en un mot : prévention. Il est d’ailleurs flagrant de voir à quel point la France est en retard alors que soigner coûte 10 à 20 fois plus que la prévention », affirme Philippe Thébault. Les auteurs recommandent donc une consultation de prévention systématique à 40 ans, prise en charge par l’Assurance maladie. Ils préconisent aussi d’inclure dans la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) médecin traitant de l’adulte, des objectifs spécifiquement en rapport avec la prévention primaire et secondaire des AVC : dépistage de la fibrillation auriculaire, du syndrome d’apnée du sommeil, ou encore de l’HTA. Optimiser les filières de prise en charge Il s’agit par ailleurs d’améliorer la réalisation de l’imagerie cérébrale. En effet actuellement, le délai médian entre l’admission du patient et le moment de l’imagerie est de 46 minutes en France, alors que les recommandations les plus récentes préconisent 25 minutes. Le taux d’équipement en imagerie lourde est, en outre, très variable d’un département à l’autre. Les auteurs du Livre blanc souhaitent donc que...
l’accès des patients AVC à l’imagerie soit facilité et rendu plus souple (élargissement des plages horaires des IRM, développement du scanner de perfusion pour les centres non ou peu équipés en IRM, ou pour les patients contre-indiqués, …). Il apparait par ailleurs indispensable d’augmenter les capacités des UNV, pour que la quasi-totalité des patients AVC puisse être admis dans de telles unités, y compris en dehors des délais pour le traitement par voie intraveineuse ou pour une thrombectomie (pour rappel, respectivement 4h30 et 6h). Il apparait aussi nécessaire de généraliser les Unités AIT : une adossée à chaque UNV. L’amélioration de la prise en charge passe, par ailleurs, par la création de postes de praticiens dédiée à la neuroradiologie interventionnelle, permettant en particulier de développer la thrombectomie mécanique qui « a constitué une révolution de la stratégie thérapeutique », mais dont seuls 4,5% des patients bénéficient (contre 10% en théorie).
Enfin, pour le post-AVC, les experts de la conférence AVC préconisent d’introduire au titre de « consultation complexe », la consultation annuelle de suivi et de coordination du patient post-AVC. « Le médecin généraliste est un acteur clé : accompagnement dans un changement de comportement pour éviter la récidive, coordination du parcours médical, détection de troubles non identifiés à l’hôpital. La première consultation après la sortie d’hospitalisation sera donc longue et complexe. C’est aussi, pour le patient, un moment lui permettant mettre du sens sur ce qui lui est arrivé » soulignent ainsi les auteurs du livre blanc. *La Société Française de Médecine d’Urgence, la Société Française Neurovasculaire, la Société Française de Neuroradiologie, France AVC, l’Alliance du Coeur, la Fédération Nationale des Aphasiques de France et M. Gérard de Pouvourville, économiste de la santé.
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