Des circuits entre tube digestif et cerveau pour exprimer la préférence aux graisses

30/11/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme Nutrition
La surnutrition est responsable d’un certain nombre de maladies métaboliques avec leurs comorbidités. Le sucre et les graisses étant des nutriments essentiels, les animaux ont au cours de l’évolution, développé des voies de signalisation au goût capables de détecter et de répondre aux stimuli sucrés et lipidiques conduisant à des comportements d’appétit et de consommation.

  Les souris qui n’ont pas de récepteurs gustatifs au goût sucré peuvent néanmoins développer une préférence comportementale forte pour le sucre. Ceci suggère qu’il existe des voies de signalisation indépendantes du goût, capables de conduire à la préférence au sucre. Ainsi, il a été récemment démontré que le développement de la préférence aux aliments est médié par un axe tube digestif-cerveau indépendant du système du goût. De plus, les édulcorants, même s’ils sont capables d’activer les mêmes récepteurs du goût que le sucre au niveau de la langue, n’activent pas les circuits tube digestif/cerveau du sucre et ne sont pas à l’origine d’une préférence. Il existe donc clairement pour les produits sucrés une voie de sensibilité aux produits sucrés passant directement du tube digestif vers le cerveau capable d’induire une recherche, une attraction pour le sucre. Cette fois, les mêmes auteurs se sont intéressés au mécanisme de la préférence pour les produits gras, et en particulier aux circuits entre le cerveau et le tube digestif. La perception des produits gras stimule une réponse appétitive et de consommation.  Dans une étude publiée dans Nature ces chercheurs américains montrent que les stimuli induits par les produits gras peuvent induire une attraction comportementale même en l’absence d’un système de goût fonctionnel. Ils montrent que la graisse agit, après l’ingestion, via un axe tube digestif/cerveau pour induire la préférence pour le gras. Utilisant des données obtenues sur cellule unique, ils ont identifié que c’était les neurones du nerf vague qui répondaient à l’arrivée intestinale des produits gras au niveau de l’intestin : par inactivation de ces circuits tube digestif/cerveau, ils abolissent le développement de la préférence pour les graisses. De plus, ils ont comparé les voies tube digestif/cerveau qui induisent la préférence pour la graisse avec les mécanismes tube digestif/cerveau induisant la préférence pour le sucre et ont découvert deux systèmes parallèles, l’un qui fonctionne comme un système général de capteurs des nutriments essentiels répondant à la stimulation intestinale par les sucres, les graisses et les acides aminés tandis que l’autre système n’est activé que par les stimuli gras. Ils ont produit des souris dépourvues des récepteurs candidats détectant la présence de graisse au niveau intestinal et ont validé leurs rôles comme les médiateurs des réponses tube digestif/cerveau provoquées par les graisses. Toutes ces recherches révèlent donc des systèmes cellulaires et des récepteurs distincts utilisant l’axe tube digestif/cerveau comme un conduit fondamental pour développer la préférence aux graisses.

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