Hyperthyroïdie traitée par iode radioactif : un risque légèrement augmenté de mortalité par cancer solide, dont le cancer du sein

13/09/2019 Par Pr Philippe Chanson
Cancérologie Endocrinologie-Métabolisme
Le traitement par l’iode radioactif est utilisé de manière très large pour traiter l’hyperthyroïdie, et cela depuis les années 40. Alors que ce traitement par iode radioactif est considéré comme un traitement sûr et efficace, certaines études ont montré une potentielle augmentation du risque de décès par cancer chez les patients hypothyroïdiens dans les suites de ce traitement.

Afin de déterminer si les doses d’iode radioactif étaient associées à la mortalité globale par cancer ou en fonction des sites chez les patients ayant eu une hyperthyroïdie, une équipe américaine et britannique, a analysé les données de la Cooperative Thyrotoxicosis Therapy Follow-up Study, ayant porté sur un suivi de 24 années. Il s’agissait d’une cohorte de patients dont le diagnostic et le traitement de l’hyperthyroïdie remontaient à plus de 70 années (début en 1946). Les données épidémiologiques des patients ont été recherchées dans les registres de décès nationaux, de l’administration de la Sécurité Sociale et divers autres moyens. Au total, 18 805 patients qui avaient été traités par iode radioactif et qui n’avaient pas d’antécédent de cancer au moment du premier traitement étaient éligibles pour cette analyse. La dose moyenne d’activité administrée d’iode 131 était de 375 MBq chez les patients ayant une maladie de Basedow et 653 MBq chez les patients ayant un goitre multinodulaire toxique. Les estimations de doses moyennes au niveau des organes ou des tissus allaient de 20 à 99 mGy (côlon, rectum, ovaire, utérus, prostate, vessie et système nerveux central) à 400 mGy pour le pancréas, le rein, le foie, l’estomac, le sein, le poumon, la cavité orale et la moelle, à 1.6 Gy pour l’œsophage et 130 Gy pour la thyroïde. L’âge moyen au début de l’étude était de 49 ± 14 ans. La plupart des patients étaient des femmes (78 %) et la plupart avaient une maladie de Basedow (93,7 %). Une association positive statistiquement significative a été observée pour la mortalité globale par cancer solide (N = 1 984 ; RR à la dose de 100 mGy à l’estomac = 1,06 ; IC 95 % = 1,02 à 1,10, p = 0,002) dont la mortalité par cancer du sein chez la femme (N = 291 ; RR à 100 mGy dose au sein = 1,12 ; 1,003 à 1,32, p = 0.04) et pour la mortalité pour tous les autres cancers solides combinés (N = 1 693 ; RR à une dose de 100 mGy à l’estomac = 1,05 ; 1,01 à 1,10, p = 0,01). La dose de 100 mGy à l’estomac et au sein correspondait à une activité administrée moyenne de 243 ± 35 MBq et de 266 ± 58 MBq chez les patients ayant une maladie de Basedow. Pour chaque millier d’hyperthyroïdiens recevant des doses habituelles d’iode radioactif, c’est-à-dire 150 à 250 mGy à l’estomac, un excès, au cours de la vie, de 19 décès par cancer solide était observé (3-40) à 32 (5-66). En conclusion, chez les patients traités par iode radioactif pour hyperthyroïdie, une dose supérieure absorbée au niveau des organes semble associée de manière modeste à un risque de décès par cancer solide, dont le cancer du sein. D’autres études sont nécessaires afin d’évaluer les risques et les avantages de toutes les options thérapeutiques disponibles chez les patients ayant une hyperthyroïdie.

Faut-il raccourcir les études de médecine?

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