L’aspirine en prévention primaire réduit le risque d’événements cardiovasculaires mais augmente le risque de saignement majeur

05/02/2019 Par Pr Philippe Chanson
Cardio-vasculaire HTA

Le rôle de l’aspirine dans la prévention primaire cardiovasculaire reste controversé avec des bénéfices potentiels limités par une augmentation du risque de saignement.

Afin d’évaluer l’association entre l’utilisation d’aspirine en prévention primaire des maladies cardiovasculaires et la survenue de saignement, les auteurs de cet article ont réalisé une revue systématique avec méta-analyse des essais randomisés enrôlant au moins 1000 participants sans maladie cardiovasculaire connue et un suivi d’au moins 12 mois. Les études incluses dans cette analyse comparaient l’utilisation de l’aspirine avec la non-utilisation d’aspirine (soit prise de placebo, soit absence de traitement). Le critère d’évaluation d’efficacité cardiovasculaire principal était un critère composite de mortalité cardiovasculaire, d’infarctus du myocarde non fatal et d’AVC non fatal. Le critère d’évaluation de sécurité principal était un saignement quelconque majeur défini selon les études individuelles. En tout, 13 études intéressant 164 225 participants avec 1 050 511 participants/année de suivi ont été incluses. L’âge médian des participants dans les essais était de 62 ans (53-74 ans), 47 % étaient des hommes et 19 % avaient un diabète. Le risque médian basal d’événements cardiovasculaires était de 9.2 % (2.6-15.9 %). L’utilisation d’aspirine était associée à une réduction significative du critère cardiovasculaire composite en comparaison avec l’absence de prise d’aspirine : 57.1 pour 10 000 participants/année sous aspirine et 61.4 pour 10 000 participants/année sans aspirine, donnant un hazard ratio de 0.89 (0.84-0.95), la réduction absolue du risque étant de 0.38 % (0.20 à 0.55 %) et le nombre nécessaire à traiter pour éviter un événement cardiovasculaire majeur étant de 265. En revanche l’utilisation de l’aspirine est aussi associée à une augmentation du risque de saignement majeur en comparaison de l’absence de prise d’aspirine (23.1 pour 10 000 participants/année sous aspirine et 16.4 pour 10 000 participants/année sans aspirine, donnant un HR à 1.43 (1.3-1.56), une augmentation absolue du risque de 0.47 % (0.34-0.62 %) avec un nombre nécessaire à traiter pour obtenir un événement hémorragique sévère de 210 patients. L’utilisation de l’aspirine chez les sujets sans maladie cardiovasculaire, autrement dit en prévention primaire, est donc associée, certes à une réduction du risque d’événement cardiovasculaire majeur mais aussi à une augmentation du risque de saignement majeur. Cette information doit éclairer les discussions avec les patients à propos de l’aspirine en prévention primaire.  

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