Le confinement a accru la sévérité des cancers colorectaux au moment du diagnostic
La pandémie de Covid et les confinements ont eu un impact majeur sur la prise en charge des patients atteints de cancer avec, en particulier, des reports dans les programmes de prévention et de dépistage, qui risquent d’entrainer des retards au diagnostic et donc des prises en charge plus lourdes. Des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Montpellier et de l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM) et de différents centres anti-cancéreux à travers la France, se sont penchés sur le cas les personnes atteintes de cancer du colon, en s’intéressant aux conséquences du premier confinement sur la charge tumorale de patients ayant un cancer avancé. 80 patients atteints de cancer colorectal métastatique (48 hommes et 32 femmes) ont ainsi été recrutés dans 18 centres. La moitié d’entre eux avait été diagnostiquée avant le confinement et l’autre moitié après. La charge tumorale de ces patients a été évaluée par la concentration plasmatique totale d’ADN tumoral circulant, un biomarqueur de l’étendue du cancer dans l’organisme. Des données scientifiques établissent, en effet, que plus cette charge est élevée, plus le cancer est évolué et s’accompagne d’un risque de survie réduite. Les résultats de cette étude, parus dans la revue Jama, montrent que la charge tumorale était statistiquement beaucoup plus élevée chez les patients nouvellement diagnostiqués d’un cancer colorectal métastatique après le confinement, que chez ceux diagnostiqués avant le confinement. « Si cette étude n’offre qu’un instantané d’une situation en évolution, elle met néanmoins clairement en évidence l’importance du diagnostic précoce des patients, et la nécessité de déterminer des actions qui minimiseraient les retards de diagnostic et de prise en charge en période de pandémie » souligne l’Inserm. De travaux supplémentaires sont en cours pour confirmer ces résultats, via notamment des analyses lors du 2ème confinement.
« Les conséquences délétères de la pandémie sur la prise en charge des cancers avaient jusque-là été surtout théorisées et modélisées. Notre étude est une des premières à les objectiver de manière concrète ce qui me fait craindre des répercussions négatives sur le pronostic des patients pris en charge pour un cancer colorectal métastatique au cours de cette période. Plus globalement, elle vient renforcer l’importance majeure du dépistage et du diagnostic précoce de ce type de pathologies » indique le Dr Thibault Mazard, oncologue médical à l’Institut du Cancer de Montpellier et coordonnateur médical de l’étude. « Une première visite tardive des patients chez un oncologue et la réduction des tests de dépistage pendant les confinements apparaissent comme les principales causes de la différence de charge tumorale et du risque de survie réduite qui en résulte. Nos données soulignent donc l’importance cruciale d’une détection précoce et du maintien des programmes de dépistage et de l’efficience des services et des professionnels impliqués dans le diagnostic et le traitement des cancers pendant une pandémie. Par ailleurs, il semble nécessaire de mettre en place des interventions de communication adaptées pour minimiser les craintes des patients et encourager l’accès aux soins dans ces périodes », conclut Alain Thierry, chercheur Inserm et coordinateur scientifique de l’étude.
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