Courir le marathon, soit 42,195 km, est une épreuve qui nécessite des capacités d’endurance tant physiques que mentales. Si les conséquences pour l’appareil locomoteur sont connues et le plus souvent banales (tendinites, ampoules, etc.), celles sur les viscères et en particulier les reins sont peu étudiées.
Certes, on sait que les coureurs de fond ont fréquemment une hématurie microscopique, voire macroscopique, d’origine traumatique, mais une étude publiée dans la revue AJKD (American Journal of Kidney Diseases) révèle que le rein du marathonien peut souffrir autant que le rein d’un patient sortant d’une intervention de chirurgie cardiaque ! Certes, les résultats publiés sont à prendre avec prudence, la population étudiée étant petite avec 22 coureurs ayant terminé le marathon de Hartford (Connecticut, Etats-Unis) en 2015. Les bilans biologiques permettant d’évaluer l’état des reins ont en effet montré que des biomarqueurs de souffrance rénale (interleukines 6, 8 et 18 ; TNF-alpha ; KIM-1 [Kidney Injury Molecule 1] ; NGAL [Neutrophil Gelatinase Associated Lipocalin]) s’élevaient au cours d’un marathon, avant de revenir à la normale dans les 48h suivant cette course. Parallèlement, le taux de créatinine plasmatique s’élevait. Le bilan rénal global réalisé dans les suites immédiates d’un marathon s’avère comparable à celui d’un patient sortant d’une intervention de chirurgie cardiaque, disent les auteurs. Le retour rapide à la normale s’accompagne d’une élévation de biomarqueurs signant le processus de "réparation rénale", (YKL-40 and monocyte chemoattractant protein 1). Dans leurs commentaires, les auteurs évoquent une insuffisace rénale aiguë d’origine tubulaire consécutive à la désydratation, à la hausse de la température corporelle avec vasodilatation cutanée et au final à la diminution du flux sanguin rénal. Si le retour à la normale en 48h est rassurant, les auteurs se demandent toutefois si la répétition de ces épisodes chez les grands coureurs de fond qui enchainent les marathons et les longues séances d’entraînement ne finissent pas par avoir des effets délétères définitifs sur la fonction rénale. D’autres études seront nécessaires pour le savoir.
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