Selon une étude de la Drees, les médecins généralistes se disent à l‘aise avec la gestion de la polymédication chez leurs patients, mais ils ne sont qu’un tiers à le faire souvent.
En France, selon les données de l’assurance maladie, 30 % à 40 % des personnes âgées de 75 ans ou plus prennent au moins 10 médicaments différents par jour, les exposant à un risque iatrogène, d’autant que peut s’y ajouter une automédication, non connue par le prescripteur. Alors comment les médecins généralistes gèrent-ils cette polymédication? Pour répondre à cette question, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) a mené une vague d’enquêtes réalisées entre mai et septembre 2016 dans le cadre du troisième panel national des médecins généralistes de ville. Plus de 2000 médecins généralistes libéraux ont été interrogés sur leurs opinions et leurs pratiques vis-à-vis des polyprescriptions. Il en ressort que près de 80% des généralistes interrogés considèrent être responsables de l’ensemble du contenu de l’ordonnance de leurs patients, y compris des traitements instaurés par d’autres médecins. Et ils se sentent, à une large majorité (83 %), bien au courant de l’ensemble des médicaments pris par leurs patients souffrant de multimorbidité. "En revanche, seulement la moitié pensent que leurs collègues spécialistes sont dans le même cas", soulignent les auteurs de cette étude. Par ailleurs, ils estiment à 85% que le suivi de ces patients multimorbides par différents spécialistes augmente le risque d’interactions médicamenteuses. Les omnipraticiens se sentent aussi à l’aise pour arrêter des médicaments qu’ils jugent inappropriés. Mais seuls un tiers d’entre eux déclarent le faire souvent (63% parfois). Une grande majorité (84%) s’accordent pour dire que les patients sont demandeurs de prescription médicamenteuses ; et "62 % présument que leurs patients ressentent l’arrêt d’un médicament prescrit depuis longtemps comme un abandon de soin", ajoute la Drees. Les médecins s’estiment bien informés des risques associés à la polymédication et leurs canaux d’information sont principalement la presse scientifique (82 %) et à l’avis de collègues spécialistes (81 %). Viennent ensuite l’outil d’aide à la prescription du logiciel métier (71 %), ou encore l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et les sites internet médicaux (65 %). "Les visiteurs médicaux des laboratoires pharmaceutiques sont la source considérée comme la moins fiable : seuls 29 % des enquêtés leur accordent leur confiance", complètent les auteurs. Par ailleurs, pour 8 médecins sur 10, les guides de bonnes pratiques disponibles pour chaque pathologie chronique apportent une aide concrète, mais sont difficiles à appliquer chez les patients souffrant de plusieurs maladies chroniques. Enfin, plus de la moitié des médecins estiment insuffisante la collaboration entre médecins traitants et pharmaciens en matière de polymédication.
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