Sixième cas de rémission du VIH après une greffe : le donneur n’avait pas la mutation protectrice
Il constitue le 6ème cas de la sorte après les patients dits de Berlin, de Londres, de Düsseldorf, de New York et de City of Hope. Alors que pour ces derniers, la greffe était issue d’un donneur portant la rare mutation génétique CCR5 delta 32, connue pour rendre les cellules naturellement résistantes au VIH, ce patient suivi à Genève et étudié en collaboration avec l’Institut Pasteur, l’Institut Cochin et le consortium IciStem, a la particularité que son donneur n’est pas porteur de cette mutation. "Ainsi, contrairement aux cellules des autres personnes considérées guéries, les cellules de cette personne restent permissives au VIH. Et, pourtant, le virus reste indétectable 20 mois après interruption du traitement antirétroviral", détaille l’Institut Pasteur dans un communiqué. Le patient en question était porteur du VIH depuis le début des années 1990, et a toujours suivi un traitement antirétroviral. En 2018, il a présenté une forme agressive de leucémie, et a été traité par une greffe de cellules souches. Un mois après cette intervention, "les tests ont montré que les cellules sanguines du patient avaient été entièrement remplacées par les cellules du donneur, ce qui a été accompagné par une diminution drastique des cellules qui portaient le VIH", explique l’Institut Pasteur. Le traitement antirétroviral a ensuite été progressivement allégé. Et, en novembre 2021, le patient a pu définitivement l’arrêter. Les analyses – jusqu’à 20 mois post-arrêt - n’ont détecté ni particules virales, ni réservoir viral activable, ni augmentation des réponses immunitaires contre le virus dans l’organisme du patient. "Ces preuves n’excluent pas que le virus persiste encore dans l’organisme, mais elles permettent à l’équipe scientifique de considérer le cas du 'patient de Genève' comme un cas de rémission de l’infection par le VIH", conclut l’Institut Pasteur. "Bien que ce protocole ne soit pas transposable à large échelle à cause de son agressivité, ce nouveau cas apporte des éléments inattendus sur les mécanismes d’élimination et de contrôle des réservoirs viraux, qui seront importants pour l’élaboration de traitements curatifs du VIH", a déclaré Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur "Nous explorons avec cette situation singulière des voies nouvelles dans l’espoir que la rémission, voire la guérison du VIH, ne soit plus un événement exceptionnel", a ajouté Alexandra Calmy, responsable de l’unité VIH/SIDA aux Hôpitaux Universitaires de Genève
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