Ce n'est pas tous les jours qu'une biotech française réussit un essai clinique de phase III. C’est ce que vient de faire Nanobiotix qui a annoncé les résultats positifs d’un essai en phase II/III de dans le sarcome des tissus mous.
Le candidat-médicament NBTXR3 est unique en son genre. Il s’agit d’un super amplificateur de radiothérapie (radio-enhancer), utilisant un mode d’action physique, avec pour objectif de détruire les cellules cancéreuses potentiellement applicable à l’ensemble des tumeurs solides, en combinaison avec la radiothérapie. Il est à base de nanoparticules. L’injection intratumorale de nanoparticules spécifiques amplifient l'action de la radiothérapie, permettant d'atteindre de fortes doses tout en préservant les tissus sains. L’enjeu est de renforcer la puissance destructrice de la radiothérapie dans les cellules tumorales, tout en diminuant sa toxicité pour les tissus sains. Ce produit est l’inverse d’une médecine personnalisée, ciblée, qui s’adresse à un petit nombre de patients, elle concerne une large population de malades. « D’une personne à l’autre, la biologie change. Alors que la physique est la même pour tout le monde. Si vous chauffez des cellules cancéreuses, elles meurent toutes», expliquait en 2015 à Egora Panorama du médecin Laurent Levy, président du directoire de Nanobiotix. La technologie NanoXray utilisé pour le NBTXR3, repose sur le mode d’action physique de nanoparticules inertes et inorganiques d’oxyde d’hafnium (HfO2) d’un diamètre de 50 nanomètres. Elles sont conçues pour absorber spécifiquement les rayons X utilisés en radiothérapie. Une fois injectées dans la tumeur, les nanoparticules s’accumulent dans les cellules cancéreuses. Grâce aux propriétés physiques de l’oxyde d’hafnium, les nanoparticules émettent des quantités très importantes d’électrons lors de l’exposition aux rayons X, amplifiant ainsi de façon considérable la dose d’énergie létale reçue par la tumeur. Cela provoque la formation de radicaux libres dans la cellule tumorale qui, à leur tour, endommagent les cellules cancéreuses et provoquent localement leur destruction. L’efficacité de la radiothérapie est ainsi démultipliée. En revanche, les tissus sains reçoivent une dose standard de rayons X. Cet essai a été mené sur 180 patients atteints de sarcome des tissus mou, un type de tumeur rare, souvent diagnostiqué à un stade avancé. L’étude a permis de comparer l’activité antitumorale de NBTXR3avec radiothérapie par rapport à une radiothérapie seule. Les patients des deux groupes de traitement ont un protocole classique, avec cinq semaines de radiothérapie, suivies de la résection chirurgicale de la tumeur. "L'étude apporte la preuve que le produit administré localement potentialise l'effet de la radiothérapie et améliore ainsi les chances pour le chirurgien de ne laisser aucune cellule cancéreuse, ce qui réduit le risque de rechute", explique Laurent Lévy. Dans le cadre de cet essai, les tumeurs retirées chez les patients traités préalablement avec les nanoparticules étaient deux fois plus nombreuses à ne comporter que des cellules mortes comparées à celles traitées avec la radiothérapie seule. De plus, le nombre de patients chez lesquels le chirurgien n'avait laissé aucune cellule cancéreuse du pourtour de la tumeur était augmenté de 20%. NBTXR3 arrive à doubler l’efficacité de la radiothérapie (de 7,9% à 16,1%). "Les données sont exceptionnelles", s’enthousiasme le Pr Sylvie Bonvalot, chirurgien, investigateur principal et chef de service sarcomes et tumeurs complexes de l'Institut Curie à Paris. Elles "montrent sans le moindre doute une amélioration du traitement par radiothérapie avec un nombre significatif de réponses complètes. NBTXR3 apporte un réel bénéfice aux patients, et peut changer le standard de soin. Cette innovation va jouer un rôle dans de nombreuses autres indications et particulièrement celles où la radiothérapie est utilisée seule". "Je suis impressionné par la différence de taux de réponse, c'est extrêmement rare de multiplier par plus de deux le taux de réponse histologique complète et je ne vois pas d'autre stratégie qui puisse accomplir cela", a expliqué le Pr Jean-Yves Blay, oncologue et directeur général du centre Léon Bérard à Lyon. Nanobiotix mène actuellement un programme de développement clinique global avec NBTXR3, dans différentes indications à travers l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie-Pacifique. La firme s'attaque à d'autres cancers plus fréquents tels que ceux de la tête et du cou, du foie ou de la prostate. La biotech prépare notamment un essai clinique de phase I-II aux Etats-Unis, dans le cancer du poumon avancé. Une centaine de patients seront traités avec le produit de Nanobiotix couplé à la radiothérapie, en association avec un traitement d'immunothérapie de type Opdivo (nivolumab) ou Keytruda (pembrolizumab). Un vaste marché potentiel attend ce produit unique en son genre.
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