Un lien établi entre pollution de l’air et troubles cognitifs

16/03/2022 Par Marielle Ammouche
Neurologie Santé publique
Une étude française montre que les personnes les moins exposées à trois polluants atmosphériques ont de meilleurs scores cognitifs, notamment concernant l’expression orale et la prise de décisions. 

On commence à connaitre un peu mieux la physiopathologie des démences qui apparaissent comme des maladies multifactorielles. Une étude récente a ainsi estimé que 40% des cas de démences pourraient être évités ou retardés en agissant sur des facteurs modifiables. Parmi ces derniers figurent ceux liés à la pollution de l’air. Mais jusqu’à présent, aucune étude n’avait clairement identifié ce lien. 

Pour mieux appréhender cette association, des chercheurs français (Inserm, Université de Rennes 1, et École des hautes études en santé publique [EHESP] à l’Irset) ont mené une étude visant à analyser l’impact sur les performances cognitives de trois polluants liés au trafic routier.  

Ils se sont basés pour cela sur les données de plus de 61.000 participants de la cohorte épidémiologique Constances. Les sujets, âgés de 45 ans et plus, ont tous bénéficié de tests mesurant leurs performances cognitives dans trois domaines : la mémoire, la fluidité d’expression orale (ou fluence verbale) et la capacité à prendre des décisions (ou fonctions exécutives). L’exposition à la pollution a été estimée par des cartes dites "d’exposition" qui analysent la concentration de polluants à l’adresse du domicile en tenant compte de la densité du trafic routier ou encore de la proximité du domicile aux routes. Les trois polluants analysés dans l’étude étaient les particules fines de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le carbone suie. Le sexe, l’âge et le niveau d’étude de chaque participant ont aussi été pris en compte.  

En croisant les résultats des tests cognitifs avec le niveau d’exposition aux trois polluants atmosphériques, les auteurs ont alors pu montrer que l’exposition à de plus forts niveaux de pollution était associée significativement à un plus bas niveau de performances dans les trois domaines cognitifs étudiés. La différence allait de 1 à près de 5% entre les sujets les plus exposés par rapport aux participants les moins exposés. "Les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives, précise Bénédicte Jacquemin, la chercheuse Inserm qui a dirigé ces travaux. Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 impactent d’avantage la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives." 

De prochains travaux visent à analyser ces données dans le temps pour voir si la baisse du fonctionnement cognitif continue avec le temps, et peut entrainer une démence. 

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